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Journées mortes dans les ports: des actions dans les principaux ports français

"Si on n'a plus de poissons, c'est toute la filière qui coule": de Boulogne-sur-Mer à Sète en passant par Brest, des centaines de pêcheurs en colère contre les réglementations ont lancé jeudi une opération inédite "filière morte".

A Brest, plusieurs centaines de pêcheurs se sont rassemblés sur le port, tirant des fusées de détresse et faisant brûler des fumigènes, depuis leurs chalutiers, selon un journaliste de l'AFP, avant que des incidents éclatent à la mi-journée.

Malgré les appels réitérés du comité régional des pêches de Bretagne à des actions pacifiques, des manifestants ont allumé des feux avec des poubelles notamment devant le siège de l'Office français de la biodiversité (OFB) à Brest, visé par des tirs de fusées et des jets de projectiles.

Un manifestant a été blessé à la gorge par une fusée tirée par un autre manifestant, selon un journaliste de l'AFP.

Les professionnels dénoncent des "réglementations européennes inadaptées", notamment l'interdiction de la pêche de fond dans les aires marines protégées d'ici à 2030, et la décision du Conseil d'Etat imposant d'ici à six mois la fermeture de certaines zones de pêche en Atlantique pour préserver les dauphins dont les échouages se sont multipliés dans le golfe de Gascogne.

Pour la Bretagne, "tous les ports et les navires sont à l'arrêt", a indiqué Jacques Doudet, secrétaire général du comité régional des pêches de Bretagne.

"On est devenus des parias, on est devenu une profession à abattre. Tout ça pour contenter une poignée d'ONG intégristes. Tout simplement. Donc, maintenant, il va falloir qu'on tape le poing sur la table en leur disant ça suffit, tout simplement", a déclaré David Le Quintrec, patron pêcheur lorientais lors de la manifestation brestoise et qui a lancé un appel pour aller manifester lundi devant le Conseil d'Etat.

A Boulogne-sur-Mer, principal port de pêche français où plus aucun bateau ne débarque sa pêche depuis dimanche soir, à 6H00 jeudi matin, le seul mouvement était celui d'un mannequin en ciré jaune, pendu à la grue d'un bateau, balancé au gré du vent, selon un correspondant de l'AFP.

Au Havre également, une soixantaine de bateaux bloquaient le port, a constaté une correspondante de l'AFP.

Les pêcheurs normands ont mené une "opération péage gratuit" sur le pont de Normandie, mobilisant une centaine de personnes.

A Sète (Hérault), 150 à 200 pêcheurs se sont réunis "pour faire un état des revendications", a indiqué à l'AFP Bertrand Wendling, directeur général de la Sathoan, une coopérative.

- "Filière qui coule" -

Le secrétaire d'Etat chargé de la Mer, Hervé Berville, qui s'est dit "solidaire de l'esprit du mouvement", s'est rendu aux Sables-d'Olonne (Vendée) pour rencontrer le Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins des Pays-de-la-Loire (Corepem).

"Il n'y a pas d'un côté l'écologie et de l'autre les mauvais pêcheurs", a déclaré M. Berville après la réunion avec les représentants de la profession, assurant par ailleurs que "la politique de la pêche ne se fait pas devant les tribunaux".

L'appel national invitait aussi mareyeurs et vendeurs de produits de la mer à se joindre au mouvement.

"Si on n'a plus de poissons, c'est toute la filière qui coule. On peut trouver du poisson ailleurs mais on préfère travailler avec une pêche française, durable, qui sait ce qu'elle fait", a fait valoir Simon Paitrault, poissonnier de 30 ans, à Saint-Jean-de-Luz.

Du côté des mareyeurs boulonnais, "c'est compliqué", souffle Alexis Delplanque, employé chez Martin Marée, qui travaille la coquille Saint-Jacques. "En ce moment, il n'y a rien sur les quais, alors on fait tout venir par la route, depuis Dieppe."

Le blocage des pêcheurs ? "Cela nous gêne un peu, mais ils n'ont pas le choix. C'est pour l'avenir."

Le comité national des pêches a lancé ces journées "d'action unitaire" dans un climat de tensions jamais vu depuis la crise du Brexit, après des manifestations musclées à Rennes ou Lorient et les blocages à Boulogne.

Les pêcheurs réclament entre autres le paiement des aides gazole, dont "certaines n'ont pas été versées depuis six mois", selon le comité national.

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