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Pour le troisième mois consécutif, environ deux tiers des nappes phréatiques françaises restent sous les normales saisonnières, alimentant la sécheresse et menaçant les approvisionnements en eau. Une situation qui ne devrait pas s'améliorer alors que la chaleur estivale s'installe sur le pays.
"Depuis l'été dernier, les nappes ne se sont pas rechargées. (...) Nous restons avec 68% des nappes qui sont sous les normales de saison" avec 19% où elles sont "très basses", a annoncé mardi le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, sur France Inter et lors d'une conférence de presse.
Ces chiffres ont été confirmés en fin d'après-midi par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), dont le communiqué sur la situation complète était initialement attendu mercredi après-midi.
Entre début avril et fin juin, la situation des nappes "n'évolue que peu voire se dégrade légèrement", a indiqué l'organisme public chargé de la surveillance des nappes. Il y a un mois, 66% d'entre elles étaient sous les normales, contre 68% il y a deux mois.
Cette relative stabilité, au sortir d'un hiver alarmant car très faible en précipitations, est due aux pluies du printemps: si elles sont arrivées trop tard pour véritablement recharger les nappes, la végétation absorbant la majorité de l'eau depuis avril, et que la plupart d'entre elles sont tombées sur des sols trop secs pour réellement s'infiltrer, elles ont sur certaines zones évité que la situation ne s'aggrave.
On est donc globalement sur une situation un peu moins alarmante que l'an dernier, où 75% des niveaux étaient sous les normales à la même époque, "mais localement plus contrastée", précise le BRGM.
On est "un peu mieux" sur certains endroits comme la Bretagne, mais aussi "un peu pire" sur d'autres comme le couloir rhodanien, une large partie du pourtour méditerranéen, le bassin parisien ou la plaine d'Alsace, a expliqué le ministre.
- Canicule et orages -
La France reste donc "dans une situation de vigilance", a souligné M. Béchu et juillet pourrait se révéler décisif quant à l'évolution de la situation.
L'an dernier, c'est en partie le manque de précipitations - 88% de déficit hydrique - qui avait plongé l'Hexagone dans un "été hors normes", avec 700 communes privées d'eau potable.
Si on a cette année "un mois de juillet comparable, on ira vers des jours qui seront compliqués", a averti M. Béchu, ajoutant qu'"on ne peut pas exclure de nouvelles difficultés" d'alimentation en eau cet été pour certaines communes.
Or depuis quelques jours, le mercure ne cesse de grimper: mardi neuf départements sont en vigilance orange pour la canicule après un mois de juin qui a été le deuxième le plus chaud jamais enregistré dans le pays.
Des températures élevées favorisent l'évaporation de l'eau et tendent à faire augmenter les prélèvements dans les nappes, détériorant leur état.
Des orages violents sont également attendus, mais ces pluies sont en général peu voire pas du tout efficaces pour recharger les eaux souterraines.
Le BRGM n'anticipe "aucune amélioration avant l'automne" pour les nappes inertielles -celles qui mettent le plus de temps à se recharger - et s'attend sur les nappes réactives à voir "la situation se dégrader rapidement" sur celles "non soutenues par de petits épisodes de recharge ou les plus sollicitées par les prélèvements".
- Vigieau -
Cette sécheresse ne concerne pas que la France: près de la moitié de l'Europe et du pourtour méditerranéen (49,2%) connaissaient déjà cette situation pour la période du 11 au 20 juin, selon l'European Drought Observatory (EDO).
En France, selon les données du site Propluvia analysées par l'AFP mardi, 26,4% du territoire français, contre environ 35% à la même époque de 2022, est sous arrêté de restriction d'eau (18,1% en alerte, 6,3% en alerte renforcée et 2% en crise où l'eau est réservée uniquement aux usages prioritaires).
Mardi, le gouvernement a annoncé le lancement d'une nouvelle plateforme d'information à destination des Français, "Vigieau". Elle doit permettre de retrouver les restrictions en cours à une adresse donnée, ces informations étant jusqu'à présent communiquées dans des arrêtés préfectoraux.