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Vignerons et acheteurs du monde entier sont réunis jusqu'à mercredi pour le premier grand salon professionnel de l'année, Wine Paris & Vinexpo, dans une période morose pour les producteurs français qui espèrent multiplier les contrats à l'étranger.
Sur les 31.000 mètres carrés d'exposition de la Porte de Versailles à Paris, négociants, cavistes et restaurateurs ont fait tinter les verres dès 10H00 et ont débouché les bouteilles venues d'une cinquantaine de pays, d'Europe principalement mais aussi des États-Unis, du Japon ou du Chili.
"Notre objectif, c'est que le maximum de transactions commerciales aient lieu ou soient initiées, pour que le commerce mondial - et français - des vins et spiritueux se porte bien", avait résumé auprès de l'AFP Rodolphe Lameyse, directeur général de l'organisateur Vinexposium.
Le salon s'ouvre dans un moment difficile pour la France, deuxième producteur mondial derrière l'Italie, qui cumule baisse de consommation et difficultés plus structurelles dans certains vignobles.
"Pour les viticulteurs, l'export, c'est la solution", a défendu lors de l'inauguration le ministre du Commerce extérieur Olivier Becht.
Certains marchés "sont en train de s'ouvrir grâce à de nouveaux accords, je pense à la Nouvelle-Zélande. On a également des négociations en cours avec l'Australie, peut-être avec l'Inde (...) c'est une bonne nouvelle", a-t-il ajouté.
"Il n'y a pas de fatalité, et je pense qu'avec notre salon, nous avons un rôle à jouer", a estimé M. Lameyse. Il s'est félicité lundi d'un "fort démarrage", avec le retour notamment des acheteurs venus d'Asie.
Comme l'an passé, terroirs et vignobles français sont représentés dans trois pavillons. Un quatrième est consacré aux vins du monde, et les bières et spiritueux disposent pour la première fois de leur hall, portant le nombre d'exposants à près de 3.400.
Quelque 30.000 professionnels sont attendus sur le salon, organisé selon M. Lameyse à un "moment charnière" dans le calendrier des achats.
- "On compte sur vous!" -
Sur les stands du Sud-Ouest ou de Champagne, les vignerons enchaînent les rendez-vous avec les acheteurs grecs ou coréens et jonglent entre leurs meilleures cuvées en espérant sceller des promesses d'achat.
Le succès des vins et spiritueux français ne se dément pas, et les exportations ont généré plus de 18 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2022, en hausse de 12% par rapport à 2021, selon le ministère du Commerce extérieur.
Le secteur reste premier exportateur de l'agroalimentaire, et deuxième excédent commercial après l'aéronautique.
Mais derrière ces chiffres, le vignoble a essuyé toute une série de crises: taxes Trump en 2019, pandémie de Covid-19, millésime désastreux en 2021... S'y sont ajoutées en 2022 l'inflation et la flambée des coûts de production, de l'énergie aux emballages.
En France, les consommateurs ont particulièrement boudé les rouges, dont les ventes ont chuté de 15% en 2022.
D'autre part, près d'un acheteur de vin sur deux a 55 ans et plus, selon une étude réalisée en avril par le cabinet IWSR et Wine Intelligence, et certaines appellations sont confrontées à un réveil douloureux.
Pour que la filière "passe ce cap", "il faut qu'on l'aide à relever les défis conjoncturels", a défendu lundi le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau, qui avait reconnu fin janvier que la situation du vignoble français était "grave".
Pour éviter que les prix ne baissent trop, l’État a accepté de financer une campagne pour transformer ("distiller") des dizaines de millions de litres d'excédents en parfum ou en gel hydroalcoolique.
"On est en train d'affiner un certain nombre de dispositifs, y compris dans l'arrachage", a-t-il ajouté lors de sa visite, certains viticulteurs de Bordeaux réclamant des aides pour arracher les pieds excédentaires.
"Il faut protéger les vignerons et qu'on puisse transmettre nos exploitations: c'est notre avenir, notre terre, notre patrimoine. On compte sur vous!", lui a lancé Véronique Hombroekx, directrice générale pour les vins de marque de Baron Philippe de Rothschild.
Joël Boueilh, président des Vignerons coopérateurs de France, a reconnu que la crise venait en partie "d'une inadéquation entre l'offre et les attentes des consommateurs: il faut se remettre en question, évoluer dans les cépages, les terroirs. On doit s'adapter pour ne pas se retrouver sur le carreau".
Pour sauver un vignoble "à la croisée des chemins", il faudra aussi "avoir de véritables stratégies" et "rendre les produits plus attrayants pour les jeunes consommateurs", selon Rodolphe Lameyse.