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Le gouvernement a annoncé mardi les premières réquisitions de personnels pétroliers depuis le début des grèves contre la réforme des retraites, au dépôt de Fos-sur-Mer près de Marseille, une décision qui a suscité des tensions dans un contexte politique inflammable.
"Face à l'aggravation des tensions d'approvisionnement" des stations-service dans les Bouches-du-Rhône, le ministère de la Transition énergétique a annoncé mardi "la réquisition" de "trois salariés par relève".
Des incidents ont éclaté en fin de matinée lors des premières réquisitions de salariés, devant le dépôt pétrolier, où plusieurs centaines de syndicalistes, principalement de la CGT, ont bloqué un des accès au site et allumé des feux de palettes, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Selon la préfecture de police, trois des CRS déployés sur les lieux ont été "sérieusement blessés", dont deux au moins ont été transférés à l'hôpital de Martigues.
En début d'après-midi, les manifestants ont finalement reculé, le calme est revenu et, selon la préfecture de police, le dépôt fonctionnait normalement.
Les fédérations CGT des ports et docks et des industries chimiques et la CGT des Bouches-du-Rhône "condamnent fermement cette répression qui ne fait que renforcer (leur) détermination pour obtenir le retrait".
"La réquisition est valable pendant 48h en tant que de besoin, à compter du 21 mars" et concerne "des personnels indispensables au fonctionnement du dépôt" qui approvisionne la région PACA et l'est de la région Occitanie en carburants, a précisé le ministère dans un communiqué.
Le dépôt expédie également du carburant par oléoduc vers la région lyonnaise.
"Les réquisitions pour faits de grève sont illégales", affirme à l'AFP Eric Sellini, élu de la CGT Chimie, laquelle a indiqué avoir attaqué la mesure en référé.
Depuis le début des mobilisations, "début mars", le gouvernement a par ailleurs eu recours "de manière ciblée" à des stocks stratégiques "partout sur le territoire", a annoncé le ministère.
Les réquisitions interviennent au lendemain de l'adoption de la réforme des retraites au Parlement, et à la veille d'une interview télévisée d'Emmanuel Macron.
L'intersyndicale a appelé à une nouvelle journée de grève et de manifestations jeudi.
- "Tensions" -
"Aujourd'hui, les stations restent globalement bien approvisionnées au niveau national, mais des tensions se cristallisent en PACA", a indiqué la ministre Agnès Pannier-Runacher.
Près de 54% des stations-service des Bouches-du-Rhône manquaient d'un type de carburant (essence ou diesel), et 41% étaient à sec dans la matinée mardi, selon des données publiques analysées par l'AFP.
Les pénuries touchent particulièrement le Sud-Est, notamment le Gard (48% de stations en difficulté) et le Vaucluse (42%), où les préfectures ont décidé lundi de limiter les ventes de carburants, jusqu'à jeudi inclus, tout en interdisant la vente d'essence dans des jerricans.
Le manque de carburants touche également quelques départements de l'Ouest, comme la Loire-Atlantique ou l'Ille-et-Vilaine.
Au niveau national, environ 12% des stations de France sont à court d'essence ou de gazole, et 6% à sec.
Les forces de l'ordre sont également intervenues dans la nuit de lundi à mardi pour débloquer le terminal pétrolier de Donges (Loire-Atlantique), occupé depuis une semaine par des grévistes, pour faciliter le déchargement d'une cargaison de gasoil.
Au Havre, tous les accès à la zone industrielle ainsi que celui du port ont été bloqués mardi matin.
- 3 raffineries sur 7 fonctionnent -
Sur les 200 dépôts pétroliers du territoire, "entre cinq et huit" sont bloqués, selon l'Ufip, syndicat professionnel des entreprises pétrolières. Ces dépôts contiennent environ trois mois de consommation française, selon le syndicat Mobilians.
TotalEnergies n'a qu'une seule raffinerie sur quatre qui fonctionne, à Feyzin près de Lyon - d'où les grévistes empêchent d'ailleurs tout carburant de sortir. Sa plus grande, en Normandie, s'est arrêtée ce week-end, et deux autres (Donges, La Mède) sont arrêtées pour des raisons autres que la grève.
La seule raffinerie française de la société Petroineos à Lavéra (Bouches-du-Rhône) s'est également arrêtée à cause de la grève.
Les deux raffineries d'Esso-ExxonMobil tournent encore: celle de Fos-sur-Mer fonctionne en débit minimal; celle de Port-Jérôme-Gravenchon, qui commençait à manquer de pétrole à raffiner, en a reçu lundi, selon Eric Sellini, mais les expéditions restent selon lui bloquées.