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L'indépendantiste Humza Yousaf a été formellement élu Premier ministre de l'Ecosse mardi lors d'un vote au Parlement local, devenant son premier dirigeant issu de l'immigration et musulman.
Agé de 37 ans, Humza Yousaf avait été élu lundi à la tête du parti indépendantiste écossais (SNP) majoritaire, à l'issue d'un scrutin interne déclenché par la démission surprise de Nicola Sturgeon le mois dernier après huit ans en poste.
Humza Yousaf, dont les grands-parents paternels avaient immigré du Pakistan à Glasgow il y a 60 ans, prendra formellement ses fonctions mercredi après avoir été officiellement nommé à ce poste par mandat royal et prêté serment devant la Court of Session, la cour suprême écossaise.
"C'est un jour de fierté pour moi et ma famille, et j'espère que c'est aussi un jour de fierté pour l'Ecosse, car il en dit long sur nos valeurs", s'est réjoui avec émotion M. Yousaf juste après le vote.
Il prend le pouvoir au moment où le combat pour l'indépendance semble au point mort, ravivant les divisions au sein du SNP et aiguisant les appétits des conservateurs, au pouvoir à Londres, et de l'opposition travailliste.
Face aux députés, il a rendu hommage à Nicola Sturgeon, qui avait officiellement adressé mardi matin sa lettre de démission à Charles III.
- Quelle Ecosse? -
"Elle sera difficile à remplacer", a-t-il affirmé, promettant de "continuer à veiller à ce que l'Ecosse ait une voix progressiste sur la scène mondiale".
Sa tâche s'annonce ardue, soulignent mardi les journaux britanniques. The Telegraph estime que le départ de la charismatique Nicola Sturgeon signe "la fin de la période héroïque" du parti indépendantiste.
Après sa victoire lundi, Humza Yousaf, jusqu'alors ministre de la Santé, a promis de faire partie de "la génération qui obtiendra l'indépendance", soulignant que "le peuple" écossais a "besoin de l'indépendance dès maintenant, plus que jamais".
La cause indépendantiste, relancée par le Brexit auquel les Ecossais se sont massivement opposés, semble dans l'impasse. La Cour Suprême britannique a récemment opposé une fin de non recevoir aux velléités de Nicola Sturgeon d'organiser un nouveau référendum, après la victoire du "non" en 2014.
A Londres, le Premier ministre britannique Rishi Sunak a félicité M. Yousaf. "J'ai hâte de travailler avec lui pour concrétiser les priorités qui comptent le plus pour les Ecossais, qu'il s'agisse de réduire les listes d'attente du NHS (le système public de santé britannique, ndlr) ou de développer notre économie", a-t-il écrit sur Twitter.
Le gouvernement écossais est compétent sur de nombreux sujets dont l'éducation, la santé et la justice.
- "Mauvaise direction" -
Selon un sondage YouGov du 13 mars, 46% des personnes interrogées se prononcent pour l'indépendance (contre 50% le mois dernier). En incluant les indécis, la proportion chute à 39%.
Humza Yousaf "doit s'assurer qu'il mène et redynamise la campagne pour l'indépendance, que nous ayons une discussion sur le type de pays que l'Ecosse devrait devenir", a estimé mardi Ian Blackford, ancien chef des députés du SNP au Parlement britannique, sur Sky News.
Outre ce dossier majeur pour l'avenir du Royaume-Uni, dont les divisions entre ses quatre nations constitutives (Angleterre, Ecosse, Pays de Galles et Irlande du Nord) ont été aggravées par le Brexit, Humza Yousaf va devoir convaincre les Ecossais que le SNP peut résoudre leurs problèmes.
Selon un sondage Ipsos publié mardi, la moitié d'entre eux jugent que l'Ecosse "va dans la mauvaise direction" et que le gouvernement a fait "du mauvais travail" en matière de santé, d'éducation ou de niveau de vie.
Le nouveau dirigeant incarne la continuité, avec des positions progressistes sur les questions de société et ancrées à gauche sur l'économie, souhaitant par exemple augmenter les impôts des plus riches en Ecosse, qui compte 5,5 millions d'habitants.
Il a d'ores et déjà nommé sa vice-Première ministre : Shona Robison, une figure connue du gouvernement Sturgeon.
M. Yousaf soutient aussi la loi controversée facilitant le changement de genre, qui a été bloquée par Londres et qui a mis en difficulté sa prédécesseure.
Mais l'élection, que Humza Yousaf n'a pas remportée avec une importante avance sur sa rivale plus conservatrice, a montré "à quel point les changements sont nécessaires", estime The Guardian.