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La Banque d'Angleterre (BoE) a maintenu sans surprise son taux directeur à 5,25% jeudi mais s'est dite "optimiste" quant à un reflux de l'inflation qui devrait lui permettre de baisser ses taux dans les prochains mois.
"Avec les progrès réalisés pour s'assurer que l'inflation reste autour de 2% (...) il est probable que nous aurons besoin de baisser les taux lors des prochains trimestres et de rendre la politique monétaire moins restrictive, peut-être plus que prévu par le marché", a déclaré le gouverneur de l'institution Andrew Bailey lors d'une conférence de presse.
En marge du rapport de mai sur la politique monétaire publié jeudi, M. Bailey dit penser que l'inflation "tombera (à un niveau) proche de notre cible de 2% dans les prochains mois" mais veut "davantage de preuves" que cette baisse sera durable.
"Un changement du taux d'intérêt en juin n'est ni exclu ni un fait accompli", a précisé le gouverneur de la BoE à la presse.
Deux membres du Comité de politique monétaire (MPC) ont voté pour une baisse de taux d'un quart de point, contre un seul vote en ce sens lors de la dernière réunion en mars, les autres s'exprimant en faveur d'un maintien du taux directeur à 5,25%, son plus haut niveau depuis 2008.
Les acteurs du marché avaient anticipé le statu quo et tablent dorénavant sur une première baisse en août voire avant, et pour la plupart sur deux au total cette année.
Après avoir flambé jusqu'à 11% fin 2022, l'inflation est largement retombée au Royaume-Uni, à 3,2% sur un an en mars. La BoE s'attend à ce que l'inflation tombe au mois d'avril vers sa cible de 2%, largement grâce à un abaissement du prix réglementé de l'électricité.
- BoE plus rapide que la Fed? -
La banque centrale britannique prévoit que l'inflation "augmente légèrement dans la seconde moitié de l'année, jusqu'à environ 2,5%", avant de redescendre plus durablement vers son objectif de 2% au second trimestre 2026.
Des risques inflationnistes persistent aussi en raison des tensions géopolitiques, surtout au Moyen-Orient, "bien que cela ait pour l'instant eu un impact limité sur le commerce et les prix du pétrole", note en outre la BoE.
"Ce que nous voulons, ce sont des taux d'intérêt durablement bas, et je pense que ce qui est encourageant, c'est que le gouverneur de la Banque d'Angleterre, pour la première fois, a exprimé un réel optimisme quant à notre progression", a réagi auprès du Telegraph le ministre des Finances Jeremy Hunt.
Les taux d'intérêt britanniques élevés pèsent en effet sur les finances des ménages et des entreprises.
Après avoir d'abord accentué ses pertes après la décision de la BoE, la livre sterling grappillait ensuite 0,08% à 1,2509 dollar vers 16H10 GMT.
Cette embellie est intervenue après que M. Bailey "a été contraint de réitérer qu'une baisse des taux en juin n'a pas été décidée" a commenté auprès de l'AFP Kathleen Brooks, analyste de XTB.
Après une série de 14 tours de vis consécutifs entamée en décembre 2021, l'institution monétaire avait mis fin à son cycle de resserrement monétaire en septembre, et opté pour le statu quo depuis.
Côté activité, "la croissance du PIB britannique s'est renforcée depuis le début de l'année", précise la BoE, renversant la tendance de la seconde moitié de 2023, au cours de laquelle le Royaume-Uni est tombé en récession technique.
L'institution monétaire britannique estime que le PIB a grimpé de 0,4% au premier trimestre, et a relevé ses prévisions de croissance à 0,5% pour l'ensemble de l'année 2024 et 1% en 2025 au Royaume-Uni.
Les chiffres officiels du PIB britannique pour le premier trimestre 2024 seront publiés vendredi.
Le relèvement des prévisions de croissance britannique a par ailleurs encouragé les achats d'actions, faisant grimper l'indice FTSE 100, principal indice de la Bourse de Londres, à un nouveau record historique à 8.396,25 points.
M. Bailey a aussi souligné jeudi que le Royaume-Uni et les Etats-Unis étaient sur une trajectoire différente d'inflation, celle-ci ayant remonté outre-Atlantique.
"Si l'inflation chute" conformément à ses attentes, "il est peu probable que la Banque (d'Angleterre) se laisse dissuader" de baisser ses taux par le fait que la Réserve fédérale américaine commence plus tardivement qu'elle son assouplissement monétaire, ou par la tenue attendue cet automne de législatives au Royaume-Uni, conclut Paul Dales, analyste de Capital Economics.