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La Russie interdira à partir du 1er février la vente de son pétrole aux pays étrangers qui utilisent le plafonnement du prix de l'or noir russe, une décision qui a peu fait réagir les cours du brut sur les marchés mardi.
Ce prix plafond avait été fixé début décembre à 60 dollars par baril par l'UE, le G7, et l'Australie; et vise à priver Moscou de revenus importants pour financer son intervention militaire en Ukraine.
"La livraison de pétrole et de produits pétroliers russes à des personnes morales étrangères et autres particuliers est interdite" si ceux-ci utilisent le prix plafond, est-il écrit dans un décret signé mardi par le président russe Vladimir Poutine.
Le décret précise que cette mesure est prévue pour une durée de cinq mois, "jusqu'au 1er juillet 2023".
Seule "une décision spéciale" de Vladimir Poutine lui-même pourra permettre la livraison de pétrole russe à un ou des pays qui ont mis en place le prix plafond ces dernières semaines, est-il indiqué dans le décret publié mardi.
Début décembre, les 27 Etats membres de l'Union européenne, les pays du G7 et l'Australie s'étaient mis d'accord, après des mois de négociations, sur un plafonnement du prix du pétrole russe à l'export à 60 dollars par baril.
Dans les faits, seul le pétrole vendu par la Russie à un prix égal ou inférieur à 60 dollars peut continuer à être livré. Au-delà de ce plafond, il est interdit pour les entreprises de fournir les services permettant son transport maritime (fret, assurance, etc...).
Face à cette décision de Moscou, mardi, les cours de l'or noir, déjà à leur plus haut depuis trois semaines, ont d'abord grimpé mais l'ascension a été de courte durée.
Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février a finalement terminé en modeste hausse de 0,48% à 84,33 dollars.
Quant au baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, avec échéance en février également, il a cédé 0,03% à 79,53 dollars.
"Il y a eu une réaction très distincte des prix" à l'annonce russe "mais en fait, cette décision n'est pas une surprise pour le marché", a commenté Matt Smith analyste du marché des matières premières chez Kpler à l'AFP.
"On pouvait s'y attendre, vu tout ce que les Russes ont déjà dit au cours des derniers mois et ce qu'ils ont fait avec le gaz naturel, en refusant de vendre à la Bulgarie et à la Pologne car ces pays ne payaient pas en roubles", a ajouté l'analyste.
Selon lui, l'application de cette interdiction aura un impact limité, car "les gros acheteurs de brut russe comme l'Inde ou la Chine n'appliquent pas le prix plafond" et l'achètent en dessous des 60 dollars le baril.
"Cela va resserrer un peu l'offre, mais pas tant que cela", a encore commenté Matt Smith.
Le cours du baril de pétrole russe (brut de l'Oural) lui-même évolue actuellement autour de 65 dollars, soit à peine plus que le plafond fixé, impliquant un impact limité à court terme de cette mesure de plafonnement, selon de nombreux observateurs.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait ainsi déploré "une position faible" de ses alliés occidentaux au moment de sa mise en place.
De leur côté, les dirigeants russes avaient déclaré à plusieurs reprises "ne pas accepter" ce mécanisme qui "n'aura pas d'impact" sur le cours de l'offensive russe contre son voisin ukrainien.
Le 9 décembre, Vladimir Poutine avait, lui, menacé l'Occident de "réduire la production" de pétrole russe "si nécessaire", fustigeant alors une "décision stupide".
La Russie est le deuxième plus gros exportateur au monde de pétrole et était, en 2021, le deuxième fournisseur d'or noir aux pays de l'Union européenne. Selon les dirigeants européens, 90% des exportations de pétrole russe vers l'UE seront déjà arrêtées d'ici la fin de l'année 2022 pour protester contre l'offensive russe en Ukraine.