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Du jamais vu pour la démocratie britannique: Boris Johnson a été reconnu coupable jeudi par une commission d'enquête parlementaire d'avoir menti au Parlement dans l'affaire du "partygate" quand il était au pouvoir, poussant l'ex-Premier ministre à crier à l'"assassinat politique".
L'ancien dirigeant conservateur, qui s'apprête à fêter ses 59 ans, a remis avec fracas son siège de député la semaine dernière après avoir été notifié des conclusions accablantes de cette enquête sur les fêtes à Downing Street pendant les confinements anti-Covid.
Son successeur Rishi Sunak doit désormais gérer un ennemi de poids dont l'avenir politique est désormais incertain et qui a une nouvelle fois laissé éclater sa colère jeudi.
Dans un long communiqué extrêmement agressif, il réaffirme penser ne rien avoir fait de mal et dénonce le "mensonge" et les conclusions "de malade" de la commission.
Il accuse cette dernière d'avoir voulu porter "le dernier coup de couteau d'un assassinat politique".
La commission devait déterminer si Boris Johnson avait menti en affirmant à plusieurs reprises à la Chambre des communes que toutes les restrictions sanitaires avaient été respectées à Downing Street durant le Covid. Cette affaire lui a déjà valu une amende de la police et a largement contribué à son départ du pouvoir l'été dernier.
- "Institutions démocratiques" attaquées -
"Il n'y a aucun précédent d'un Premier ministre reconnu coupable d'avoir délibérément induit la Chambre en erreur", et cela "à plusieurs reprises", conclut la commission.
Le rapport dénonce aussi la virulente lettre de démission de Boris Johnson, aux accents de Donald Trump, comme une "attaque contre les institutions démocratiques" britanniques.
Ne siégeant plus, Boris Johnson ne risque plus grand chose. La commission indique qu'elle aurait recommandé 90 jours de suspension s'il n'avait pas claqué la porte. Sa démission entraine une élection partielle dans sa circonscription du nord de Londres qui se tiendra le 20 juillet.
Le rapport, qui doit être soumis lundi au vote des députés, demande néanmoins que lui soit retiré l'accès dont disposent les anciens Premiers ministres aux locaux du Parlement.
Certains élus conservateurs proches de Boris Johnson ont déjà appelé à voter contre le rapport, tandis que la numéro deux de l'opposition travailliste, Angela Rayner, a comparé l'ex-dirigeant à "un bébé qui jette ses jouets hors du landau parce qu'il s'est fait prendre".
Boris Johnson "ne devrait plus jamais être autorisé à se présenter à un quelconque mandat", a réagi l'association des victimes du Covid-19.
"C'est un jour incroyablement sombre dans un chapitre sombre de l'histoire de Westminster", a réagi le Premier ministre indépendantiste écossais Humza Yousaf.
- Capacité de nuisance -
Entendu pendant plus de trois heures en mars, Boris Johnson avait affirmé "la main sur le cœur" qu'il n'avait pas menti sciemment. Mais selon un sondage YouGov paru jeudi, 69% des Britanniques pensent le contraire. Ils sont 51% parmi ceux ayant voté pour les conservateurs en 2019.
Un an après sa démission de Downing Street, où cet ex-journaliste et maire de Londres aura passé trois ans émaillés de scandales, son départ l'empêche de tout retour au pouvoir au moins jusqu'aux législatives prévues l'année prochaine.
Il a rouvert les plaies béantes au sein du Parti conservateur, au pouvoir depuis treize ans mais largement distancé par les travaillistes dans les sondages.
Boris Johnson y garde des alliés influents et une aura importante auprès de la base pour avoir remporté une victoire historique aux législatives de 2019 puis réalisé le Brexit.
Les hostilités sont désormais publiquement déclarées avec le gouvernement de Rishi Sunak, son ancien ministre des Finances déjà vu comme un traître dont la démission avait contribué à la chute de M. Johnson l'été dernier.
Le Premier ministre n'a pas encore réagi au rapport, mais son porte-parole a défendu le travail de la commission "dûment constituée".
S'il reste au centre de l'attention politico-médiatique, la capacité de nuisance réelle de Boris Johnson reste incertaine. Seuls deux députés ont aussi démissionné du Parlement depuis une semaine, alors que certains craignaient des départs massifs fragilisant le gouvernement de Rishi Sunak.