Partager:
Les négociations en vue de former une coalition gouvernementale aux Pays-Bas, après la victoire électorale surprise de l'extrême droite de Geert Wilders, sont dans l'impasse lundi après la démission - à la suite d'accusations de fraude - de l'homme chargé de les conduire.
La communauté internationale, à commencer par les dirigeants européens, observe de près les tentatives de M. Wilders et de son Parti de la Liberté (PVV) de parvenir à former un gouvernement avec des partenaires qui se méfient de ses prises de position véhémentes contre l'islam, l'immigration et l'Union européenne.
Le diplomate américain de plus haut rang chargé des affaires européennes a à cet égard souligné que Washington espérait maintenir des liens chaleureux avec les Pays-Bas, "un allié incroyablement proche, constructif et solide". "Nous sommes impatients de poursuivre cette relation avec le nouveau gouvernement, une fois qu'il aura pris ses fonctions", a dit James O'Brien à des journalistes.
Avant même d'avoir débuté, le processus en vue de la constitution d'un gouvernement a tourné court : Gom van Strien, désigné par le dirigeant d'extrême droite pour mener les négociations, a dû démissionner après avoir été accusé dans les médias néerlandais ce week-end d'avoir commis des fraudes au sein de son ancienne entreprise.
Ces circonstances et le temps nécessaire pour répondre aux accusations "ne sont pas compatibles" avec la mission confiée, a déclaré ce sénateur du parti de Geert Wilders.
"J'ai donc informé Geert Wilders et la présidente du Parlement que je démissionnais de mon poste avec effet immédiat", a-t-il ajouté.
Gom van Strien devait officiellement commencer sa mission lundi en rencontrant Geert Wilders, dont le parti est arrivé en tête des élections du 22 novembre.
Le quotidien NRC avait écrit dimanche qu'un ancien employeur de Gom van Strien, Utrecht Holdings, avait déposé une plainte auprès de la police concernant une fraude qui aurait été commise par le sénateur et d'autres collègues.
M. van Strien a dénoncé des allégations "infondées" et déclaré qu'il avait "respecté toutes les lois et réglementations".
Cette controverse constitue un revers pour M. Wilders, dont le parti, à la surprise générale, a remporté le scrutin de mercredi en obtenant 37 sièges sur les 150 que compte la chambre basse du Parlement.
Le PVV milite pour l'interdiction des mosquées, du Coran et du port du foulard par les musulmanes, ainsi que pour l'organisation d'un référendum sur la sortie de l'UE.
- "Premier ministre de ce beau pays" -
"Ce n'est pas le démarrage dont je rêvais", a admis le dirigeant d'extrême droite qui s'est néanmoins montré optimiste, soulignant qu'il briguait toujours le poste de "Premier ministre de ce beau pays".
Il a dit penser à un nouveau négociateur "avec plus de distance par rapport à la politique" et ajouté que sa nomination pourrait intervenir dès mardi.
"Je ne trouve pas très agréable de ne pas avoir été informé" préalablement des allégations de fraude à l'encontre de Gom van Strien, a déploré M. Wilders.
Des médias néerlandais ont assuré que Ronald Plasterk, un ancien ministre de l'Éducation du Parti travailliste, avait été sélectionné en vue d'occuper ce poste.
La présidente de la chambre basse, Vera Bergkamp, a noté que la situation était "ennuyante" et a exigé la nomination rapide d'un nouveau négociateur.
A l'issue du scrutin, M. Wilders s'était dit en faveur d'une coalition avec le Nouveau contrat social (NSC, 20 sièges) du réformateur Pieter Omtzigt, le Mouvement agriculteur-citoyen (BBB, sept sièges) et la formation de centre droit Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD, 24 sièges).
La dirigeante du VVD, Dilan Yesilgöz, a déjà exclu de siéger dans un gouvernement dirigé par M. Wilders mais a fait savoir qu'elle serait prête à "soutenir une coalition de centre droit".
La position de Mme Yesilgöz, dont le parti a perdu 10 sièges à l'issue du scrutin, est cependant contestée au sein de sa formation.
M. Wilders a estimé que les tractations pour la formation d'une coalition pourraient être conclues dans "trois semaines" si tout le monde était prêt à des concessions mais la démission surprise du coordinateur des négociations risque de remettre en cause ce calendrier.
La plupart des analystes considèrent qu'un gouvernement ne pourra pas être constitué avant l'année prochaine. Il avait fallu 271 jours pour former celui de Mark Rutte, le Premier ministre sortant.