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Royaume-Uni: le Premier ministre Rishi Sunak en pleine tourmente estivale

Le Premier ministre britannique Rishi Sunak aborde un été morose: six mois après avoir fixé ses cinq priorités - qui vont de l'économie, à la lutte contre l'immigration illégale en passant par la santé- le dirigeant conservateur semble bien en peine de les réaliser.

Et les sondages donnent les travaillistes largement en tête des élections générales attendues l'an prochain.

Arrivé au pouvoir fin octobre dernier, après les scandales de l'ère Boris Johnson -qui a annoncé sa démission il y a un an- et la panique sur les marchés durant les 49 jours aux affaires de l'éphémère Liz Truss, Rishi Sunak, 43 ans, avait voulu donner un gage de sérieux en énonçant ses priorités.

"Je vous demande de nous juger sur les efforts que nous mettons en oeuvre et les résultats que nous obtiendrons", lançait-il le 4 janvier en présentant "les priorités du peuple": diviser par deux l'inflation, relancer la croissance, diminuer la dette, stopper les bateaux de clandestins traversant la Manche et réduire les listes d'attente dans la santé.

L'objectif de réduire l'inflation à environ 5% est encore loin. Elle atteignait toujours 8,7% sur un an en mai, soit la plus élevée du G7.

Lors d'une audition par les chefs des commissions parlementaires mardi, Rishi Sunak a concédé que l'inflation est "plus persistante" qu'anticipé.

Interrogé sur ses chances d'atteindre son objectif, il a botté en touche, mais assuré qu'il travaillait à 100% pour y arriver: "c'est tout ce que je peux faire, continuer à tout donner".

- "Confiance et vigueur" -

Loin d'être relancée, la croissance est atone, et la Banque d'Angleterre augmente ses taux d'intérêt pour lutter contre l'inflation, au risque de peser sur l'économie et de raviver les craintes d'une récession.

Autre dossier brûlant, la promesse de M. Sunak "d'arrêter les bateaux" de migrants qui traversent la Manche. Son gouvernement veut expulser vers le Rwanda ceux qui arriveraient illégalement sur le sol britannique, mais cette mesure, initialement annoncée par Boris Johnson, a été bloquée en appel fin juin.

Rishi Sunak a demandé à saisir la Cour suprême et a assuré qu'il entendait contester avec "confiance et vigueur" la décision de la cour d'appel.

Et alors qu'il avait avancé que le plan du gouvernement pour réduire les traversées "commençait à fonctionner", les chiffres ont mis en évidence un nombre d'arrivées record pour un mois de juin, avec 3.824 traversées recensées, portant le total depuis le début de l'année à plus de 11.000.

Et au Parlement, le projet de loi controversé sur l'immigration trébuche face à l'opposition de la chambre des Lords.

"L'économie semble être hors de son contrôle pour le moment. Et toute solution sur les petites embarcations semble lointaine", selon Tim Bale, politologue à la Queen Mary University. "C'étaient ses deux promesses signatures. Donc il est en difficulté", explique-t-il à l'AFP.

- "Aucun levier évident" -

"Dans une certaine mesure", Rishi Sunak "s'est piégé lui-même", estime Simon Usherwood, professeur de sciences politiques à l'Open University. "Je crois que son pari était que l'économie allait croître de manière à lui permettre d'atteindre ces trois objectifs, sur l'inflation, la dette et la croissance", afin qu'il puisse dire "+j'ai rempli la plupart de mes objectifs, je ne les ai pas tous atteints, il faut me réélire pour que je puisse atteindre les deux autres+".

Mais si Rishi Sunak n'est en mesure d'en accomplir aucun, "ce sera un problème", poursuit Simon Usherwood.

Selon lui, le chef du gouvernement n'a "aucun levier évident" sur la situation économique, "il doit s'en remettre au sort pour espérer que quelque chose arrive".

Dans l'immédiat, Rishi Sunak va devoir faire face le 20 juillet à trois élections partielles dans des bastions conservateurs.

L'une d'elle a été déclenchée par la démission de Boris Johnson de son poste de député, juste avant la publication d'un rapport concluant le mois dernier qu'il avait délibérément menti au Parlement dans le scandale des fêtes à Downing Street en violation des règles sanitaires anticovid.

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