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Une vague de sympathie et de messages de condoléances a afflué mercredi au lendemain de la mort du journaliste de l'AFP Arman Soldin, tué en Ukraine, s'inclinant devant son "courage" et son "talent" pour raconter le pire conflit militaire en Europe depuis 1945.
Le Parquet antiterroriste français a annoncé avoir ouvert une enquête pour crime de guerre, confiée à l'Office central de lutte contre les crimes contre l'humanité et les crimes de haine et destinée à établir les circonstances du décès du journaliste.
Applaudi à la séance de nuit de l'Assemblée nationale mardi soir, sa mémoire a été honorée mercredi par une minute de silence au Sénat, l'autre chambre du Parlement français.
"Il est tombé parce qu'il croyait que le devoir d'informer ne doit reculer devant rien", a déclaré la Première ministre française Elisabeth Borne, ajoutant que "le journalisme, la presse libre, sont essentiels pour nos concitoyens et pour notre démocratie".
"Arman était un journaliste talentueux et courageux", a réagi le Premier ministre britannique Rishi Sunak par la voix de son porte-parole, saluant son travail "vital" pour "faire la lumière dans les ténèbres de cette guerre".
"Merci pour son courage", a remercié le ministre ukrainien de la Culture, Oleksandre Tkachenko.
Arman Soldin, 32 ans, coordinateur vidéo de l'AFP en Ukraine, a été tué mardi après-midi lors d'une attaque de roquettes russes dans l'Est de l'Ukraine, près de la ville assiégée de Bakhmout.
Pavlo Kirilenko, le gouverneur de la région de Donetsk où le journaliste est décédé, a lui "remercié tous ceux qui, au péril de leur vie, continuent de dire la vérité" sur la guerre avec la Russie.
"Nous sommes tous sous le choc", a souligné Phil Chetwynd, directeur de l'information de l'AFP. "Arman était aimé par tous ses collègues" et "sa perte (...) est incroyablement douloureuse pour nous tous".
La directrice générale de l'Unesco Audrey Azoulay a, elle, appelé à "une enquête pour identifier les circonstances de sa mort".
- "Dévoué à sa profession" -
Arman Soldin faisait partie d'une équipe de cinq reporters de l'AFP qui accompagnaient des soldats ukrainiens, près de Bakhmout, épicentre des combats depuis des mois et visée quotidiennement par les forces russes.
Il a été touché par une salve de roquettes Grad qui l'a atteint alors qu'il s'était couché au sol pour tenter de se protéger.
Arman, de nationalité française, était "dévoué à sa profession", a loué Denis Becirovic, membre bosniaque de la présidence tripartite en Bosnie, son pays de naissance.
"(Sa) mort est un rappel douloureux du danger menaçant les journalistes (...) dans les zones de conflit militaires", a-t-il ajouté dans un communiqué.
Interrogé par des journalistes, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov s'est dit mercredi "peiné", tout en demandant à éclaircir les "circonstances de la mort" du journaliste.
L'ONG Reporters sans frontières (RSF) a réclamé une "enquête approfondie" et "minutieuse" tant par les autorités françaises qu'ukrainiennes sur sa mort.
"RSF rend hommage au courage d'Arman Soldin qui a perdu la vie pour informer le monde", a indiqué l'organisation dans un communiqué.
- "Dette envers Arman" -
Outre des messages de condoléances de nombreux médias français et internationaux à l'Agence France-Presse, les hommages à Arman Soldin avaient afflué dès l'annonce de sa mort mardi en début de soirée.
Le président français Emmanuel Macron avait rapidement salué "le courage" d'Arman Soldin parti "dès les premières heures du conflit" en Ukraine "pour établir les faits. Pour nous informer". "Le monde a une dette envers Arman", a déploré la Maison Blanche.
Le Stade Rennais, un club de football de l'ouest de la France dont Arman Soldin a porté les couleurs de 2006 à 2008 chez les moins de 13 et 15 ans, a fait part sur Twitter de sa "grande tristesse".
Journaliste reporter d'images expérimenté précédemment en poste à Londres, Arman Soldin était le coordinateur vidéo en Ukraine depuis septembre 2022 et se rendait régulièrement sur le front.
Stagiaire au bureau de Rome en 2015 avant de rejoindre le bureau de Londres la même année, Arman Soldin était né à Sarajevo avant d'être évacué en France en 1992 au début du siège de la ville. Il parlait couramment français, anglais et italien.
Il était apprécié de ses collègues pour sa bonne humeur, son enthousiasme au quotidien et son professionnalisme.
Quand la Russie a envahi l'Ukraine en février 2022, Arman s'est porté volontaire pour faire partie des premiers envoyés spéciaux de l'AFP.
Il est au moins le onzième reporter, fixeur ou chauffeur de journalistes a avoir été tué en Ukraine depuis le début de l'invasion russe le 24 février 2022, selon un décompte des ONG spécialisées RSF et CPJ.