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Le Moulin Rouge, célèbre salle de cabaret parisienne, est au cœur d’une polémique depuis fin décembre, une association de protection des animaux dénonçant l'utilisation de serpents plongés dans un bassin, selon elle non adaptés à l'eau.
Depuis l’adoption de la loi destinée à lutter contre la maltraitance animale votée définitivement le 30 novembre 2021, les spectacles présentant des animaux sauvages se trouvent beaucoup plus encadrés.
Mais "le Moulin Rouge qui présente un spectacle mettant en scène des serpents n'est pas concerné par cette loi qui a permis de nombreuses avancées, dont l'interdiction de tout spectacle impliquant des animaux sauvages dans les discothèques et sur les plateaux de télévision à partir de 2023", a déclaré à l'AFP le député Loïc Dombreval, co-auteur de la proposition de loi.
Dans le spectacle quotidien du cabaret, une danseuse plonge dans un bassin transparent et manipule de grands pythons, qui tentent de maintenir leurs têtes hors de l'eau.
L'association Paris Animaux Zoopolis (Paz) a lancé mardi une pétition en ligne adressée à la direction du cabaret contre "l'exploitation" des serpents dans la revue du Moulin Rouge.
"On demande à la direction du Moulin Rouge un engagement public de cesser d'utiliser les pythons et tout autre type d'animaux dans leur spectacle. Ce n'est pas leur place ! C'est contraire à leurs besoins, contraire à la condition animale", dit à l'AFP Amandine Sanvisens, cofondatrice de Paz, après avoir manifesté le 28 décembre devant le cabaret.
"Pendant tout le numéro, le serpent cherche à garder la tête hors de l’eau. Cet environnement n'est pas adapté aux reptiles", estime-t-elle.
- Une question de fond -
"Nous n’avons jamais fait et ne ferons jamais de maltraitance animale", avait déclaré le Moulin Rouge au Parisien fin décembre.
Selon le cabaret ces reptiles sont "une espèce de python nageur qui est autant fait pour vivre dans un milieu aquatique que dans un milieu terrestre".
Pour Alice Georges, soigneuse animalière à la Ferme Tropicale de Paris, spécialisée dans les nouveaux animaux de compagnie (Nac), dont les reptiles, "immerger un serpent dans l'eau, excepté les serpents aquatiques comme l’anaconda, est contre nature".
"Il doit avoir le réflexe de retenir sa respiration et il doit chercher à remonter à la surface pour respirer, ça doit le stresser. Et si l'eau est traitée, ce n'est pas bon pour lui", explique-t-elle. Sur la vidéo mise en ligne, la soigneuse animalière dit avoir reconnu des pythons réticulés et des pythons molurus. "Ce ne sont pas des nageurs. C'est horrible ce qu'on leur fait subir", s'est-elle indignée.
La ville de Paris, contactée par l’AFP, indique en substance ne pas avoir de moyen réglementaire d'action. "Nous pensons que vous pourriez encourager la direction du Moulin Rouge à évoluer en remplaçant cette revue avec les serpents", ont néanmoins demandé les défenseurs des reptiles à la maire socialiste Anne Hidalgo dans un courriel.
La députée Danielle Simonnet, co-rapporteure de la mission d'application sur la loi du 30 novembre 2021 et Aymeric Caron ont écrit eux aussi jeudi à la direction du cabaret dans le même esprit.
Selon Danièle Simonnet, il s'agit d'une question de fond. "Si le Moulin Rouge n'est pas coincé dans le cadre de la loi car ce n'est pas une discothèque, la description est discutable sur le fond. On ne voit pas pourquoi la souffrance de l'animal sauvage dans un spectacle est différente dans un lieu type discothèque restaurant ou dans un lieu type cabaret", a-t-elle dit à l'AFP.
"Cette loi n’a pas permis d’embrasser tous les sujets et doit, comme toute loi, être améliorée", juge Loïc Dombreval. Il espère que "des parlementaires s’emparent de ce sujet et que tout spectacle impliquant des animaux sauvages cesse à l’heure où il n’a jamais été aussi essentiel pour notre biodiversité en déclin de modifier le rapport de l’humain à la vie sauvage".
"Nous attendons de voir la suite de cette affaire. S'il y aura une plainte ou pas de déposée", a répondu à l'AFP une porte-parole de l'établissement.