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L'évêque de La Rochelle, Mgr Georges Colomb, a demandé à être "mis en retrait" de ses fonctions le temps d'une enquête portant, selon le parquet de Paris, sur des "faits de nature sexuelle" datant de l'époque où il dirigeait les Missions étrangères de Paris (MEP).
Le parquet de Paris a indiqué à l'AFP mardi soir avoir ouvert une enquête suite à un signalement des Missions, "concernant des faits de nature sexuelle reprochés à cet évêque et qui auraient été commis en 2013".
Il confirmait ainsi des informations publiées par La Croix, Famille chrétienne et La Vie.
Dans une lettre aux fidèles du diocèse de La Rochelle, Mgr Colomb, 69 ans, ancien supérieur général des MEP (2010-2016), se dit "stupéfait de ces allégations", qu'il "démen(t) totalement". "Je répondrai bien sûr aux autorités judiciaires dès qu'elles souhaiteront m'entendre".
"Pour pouvoir préparer sa défense et préserver le diocèse de La Rochelle", Mgr Colomb "a pris la décision de demander au pape de le mettre en retrait le temps de l’enquête, tout en demeurant évêque de La Rochelle", précise un communiqué du diocèse. "Un administrateur devrait être nommé pour s’occuper de notre diocèse pendant cette période".
Dans un communiqué distinct publié également mardi soir, la Conférence des évêques de France (CEF) qualifie de "graves" les accusations portées contre Mgr Colomb et Mgr Gilles Reithinger, évêque auxiliaire de Strasbourg.
Ce dernier, qui avait succédé à Mgr Colomb à la tête des MEP de 2016 à 2021, est cité dans les articles de presse comme ayant été au courant, dès 2013, des accusations d'agression sexuelle qui auraient eu lieu au siège parisien des MEP, dans le très chic 7e arrondissement. Mgr Reithinger nie avoir été informé, selon ses propos à La Croix.
Dans son communiqué, la CEF souligne que les deux évêques "nient catégoriquement les faits décrits dans les articles parus ce soir". "La parole des plaignants doit être entendue, les droits de la défense, respectés" et "il appartient désormais aux enquêtes de faire toute la vérité", ajoute la CEF.
- "Culture du secret" -
La Croix, dans sa très longue enquête, s'interroge sur l'existence, au sein des MEP, d'"une culture du secret et de la transgression propice à la commission de violences sexuelles".
Ces dernières semaines, un autre prêtre des Missions a fait l'objet d'une enquête de justice.
Ce prêtre, renvoyé de son diocèse japonais en 2011 pour avoir eu des relations sexuelles avec un homme -des relations "consenties" selon les MEP-, puis affecté comme curé dans le diocèse d'Angers, a été mis en garde à vue en avril dernier, puis laissé libre, pour "viols aggravés et non-dénonciation de crime", selon le parquet d'Angers. Il est aujourd'hui suspendu de ses fonctions.
Dans cette affaire, La Croix relève "la gestion approximative" par Mgrs Reithinger et Colomb.
Mi-mai, les MEP ont annoncé avoir demandé à un cabinet externe de recenser les cas de violences sexuelles pouvant avoir eu lieu entre 1950 et 2023 en leur sein.
Cette tâche, confiée au cabinet indépendant GCPS Consulting, devra "inventorier les cas de violences sexuelles pouvant avoir eu lieu sur la période" 1950-2023 et "analyser les réponses apportées à ces cas".
Les Missions sont une société de vie apostolique créées en 1658 avec pour but d'envoyer ses missionnaires évangéliser les pays d'Asie notamment. Elles disent compter aujourd'hui 150 prêtres dans 14 pays (Thaïlande, Vietnam, Chine, Cambodge, Inde, Laos, Japon, Corée du Sud, Malaisie, Singapour, Birmanie et Madagascar notamment).
Ses locaux parisiens accueillent des prêtres étudiants étrangers et hébergent des évêques lors de leur passage à Paris.