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Le ministre français de l'Agriculture Marc Fesneau a annoncé lundi renoncer à une mesure dérogatoire autorisant l'usage d'insecticides néonicotinoïdes pour protéger les semences de betteraves sucrières, après une décision de la justice européenne jugeant illégale les dérogations pour ces substances toxiques pour les abeilles.
"Je n'ai aucune intention de balader les agriculteurs et en particulier ceux qui sont inquiets", a déclaré le ministre lors d'un point presse à Paris. Le gouvernement ne proposera donc pas une "troisième année de dérogation sur l'enrobage des semences de betteraves, c'est terminé pour cet élément-là, la décision de la Cour de justice (européenne) est suffisamment puissante pour ne pas instabiliser encore plus le système".
La Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) a estimé jeudi dernier qu'aucune dérogation concernant les semences traitées aux néonicotinoïdes n'était justifiée, y compris dans les circonstances exceptionnelles invoquées pour protéger les betteraves sucrières.
Les néonicotinoïdes, qui s'attaquent au système nerveux des insectes, sont mis en cause dans le déclin massif des colonies d'abeilles.
Plusieurs substances sont interdites dans l'UE depuis 2018, mais une dizaine de pays ont pris des dérogations pour préserver les rendements sucriers, ces insecticides permettant de lutter contre un puceron vecteur de la jaunisse de la betterave.
La France s'apprêtait à autoriser leur utilisation de manière dérogatoire pour la campagne 2023, après avoir fait de même en 2021 et 2022.
Un projet d'arrêté autorisant cette dérogation était en consultation publique en France, en attendant l'avis du conseil de surveillance des néonicotinoïdes - boycotté par une association et un syndicat agricole qui estimaient le recours systématique à ces insecticides injustifié.
"J'ai convenu avec les représentants de la filière qu'on mettrait en place un dispositif qui permettrait de couvrir le risque de pertes qui serait liée à la jaunisse le temps qu'on trouve les alternatives dont on a besoin", a précisé Marc Fesneau.
Le ministre veut également "faire activer au niveau européen les clauses de sauvegarde pour qu’il n'y ait pas de distorsion de concurrence", alors que la France est le premier producteur européen de sucre.