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La réforme des retraites adoptée, manifestations spontanées dans plusieurs villes de France

La réforme des retraites a été définitivement adoptée lundi après le rejet des deux motions de censure déposées contre le gouvernement qui se maintient à neuf voix près. L'exécutif fait face à une contestation sociale qui menace de se durcir.

De nombreuses manifestations ont eu lieu dans la soirée dans plusieurs villes de France, émaillées parfois d'incidents.

A Paris, des opposants à la réforme ont déambulé, par petits groupes, dans le centre, jetant des projectiles sur les forces de l'ordre, mettant le feu à des poubelles ou renversant sur leur passage du mobilier urbain. Peu avant 22H30, 101 personnes avaient été interpellées dans la capitale au cours de ces incidents, selon une source policière.

Les mêmes scènes se sont reproduites dans plusieurs grandes villes, comme à Strasbourg, Lyon ou Rennes.

Pour tenter de reprendre la main, Emmanuel Macron va consulter très largement mardi.

Il réunira à 09H00 Elisabeth Borne, plusieurs ministres et les responsables de la majorité.

Il déjeunera ensuite avec Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, respectivement présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat.

Enfin, dans la soirée, il recevra les députés et sénateurs de la majorité.

Lundi, la catastrophe n'est pas passée loin pour l'exécutif.

La première motion de censure, initiée par le groupe indépendant Liot avec le soutien de la gauche, a recueilli 278 voix sur les 287 nécessaires pour faire tomber le gouvernement d'Elisabeth Borne.

Le vote n'avait jamais été aussi serré depuis une motion de censure déposée contre celui de Pierre Bérégovoy en 1992.

Le deuxième texte, à l'initiative du RN, n'a lui recueilli que 94 voix.

Après le rejet de ces deux motions, la réforme très contestée d'Emmanuel Macron est donc définitivement adoptée.

- "Déterminée à continuer" -

Dans une déclaration à l'AFP, Elisabeth Borne s'est dit "déterminée à continuer à porter les transformations nécessaires".

La cheffe du gouvernement s'est rendue à l'Elysée en soirée, avant de repartir peu avant 21h, a constaté une journaliste de l'AFP. Elle devait réunir ensuite à Matignon les chefs de groupes de la majorité.

Les oppositions, qui ferraillent depuis des semaines sur le texte, ont appelé à la démission de Mme Borne.

Ce gouvernement "est d'ores et déjà mort", a déclaré la cheffe de file des insoumis, Mathilde Panot, le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon appelant à "passer à la censure populaire", "en tout lieu et en toute circonstance".

Elisabeth Borne "doit partir" ou "le président doit la démissionner", a abondé le présidente du groupe RN Marine Le Pen.

La Première ministre avait un peu plus tôt défendue une nouvelle fois son texte dans l'hémicycle. Le gouvernement n'est "jamais allé aussi loin dans la construction d'un compromis". Le 49.3 (adoption d'un texte sans vote) "n'est pas l'invention d'un dictateur".

Et de dénoncer "l'antiparlementarisme à l'oeuvre" des oppositions et le "déchaînement de violences" de certains députés de gauche pendant les débats tumultueux sur ce projet phare du second quinquennat d'Emmanuel Macron.

Le député Charles de Courson, du groupe indépendant Liot, avait ouvert le bal à l'Assemblée peu après 16H00, fustigeant "l'injustice" de cette réforme qui prévoit le report à 64 ans de l'âge légal de départ.

Défenseurs de l'autre motion, les députés RN ont dénoncé le "marasme" et "l'enlisement" de l'exécutif. "Alors chiche, Monsieur Macron ! Allons à la dissolution", a lancé Laure Lavalette.

- "Marqués au corps" -

Le déclenchement jeudi du 49.3 par la Première ministre n'a fait qu'attiser la contestation, souvent au-delà du seul sujet des retraites.

"Bouuuuuh (la motion) n'est pas passée", ont hué les manifestants à Paris. Mais, "on est là".

En attendant une nouvelle journée d'actions le 23 mars à l'appel de l'ensemble des syndicats, la grève s'est durcie dans les raffineries et les éboueurs poursuivent leur mouvement à Paris, Rennes ou Nantes.

Éboueur parisien et responsable syndical CGT, Karim Kerkoudi se dit "déterminé": "Chaque jour, je me lève à 4h45 pour aller porter, à deux, entre 6 et 16 tonnes d'ordures. J'ai des tendinites aux deux coudes. La douleur aux lombaires, on n'en parle même plus. On est marqué au corps par le travail".

Face à cette colère, Emmanuel Macron a demandé que la réforme "puisse aller au bout de son cheminement démocratique dans le respect de tous".

Cosignée par des députés de la Nupes, la motion de censure initiée par le groupe Liot avait davantage de chances d'être votée par des élus de droite que celle du RN.

Au final, 19 députés Les Républicains ont voté pour le renversement du gouvernement, dont Aurélien Pradié qui souhaitait provoquer "un électrochoc".

Réclamant "un peu de courage" aux députés de droite, Marine Le Pen leur avait de son côté promis qu'ils n'auraient pas de candidat du RN face à eux en cas de législatives à la suite d'une dissolution.

- "Ils ne peuvent plus gouverner" -

La suite des événements reste incertaine tant la crise est profonde.

Le chef de l'État pourrait s'exprimer dans les prochains jours.

Et, alors que les oppositions contestent la constitutionnalité de la réforme, Elisabeth Borne a décidé lundi soir de saisir elle-même "directement le Conseil constitutionnel" pour un examen "dans les meilleurs délais" du texte.

La gauche a aussi soumis un référendum d'initiative partagée aux neuf Sages qui vont en examiner la recevabilité.

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