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Engagé comme volontaire dès son adolescence, Jean-Paul Bosland a été plébiscité samedi pour prendre les rênes de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF), jusque-là aux mains des professionnels, dans une démarche de "vraie ouverture".
Lors d'une assemblée élective samedi à Paris, M. Bosland, seul candidat à la présidence de la FNSPF, a suscité une adhésion massive avec 95,4% des voix pour diriger l'instance et ses 280.000 adhérents en France, où 80% des pompiers sont des volontaires.
"C’est donner une autre image de la fédération, une image d’ouverture, de modernité, que de mettre pour la première fois, dans la période d'après-guerre, un sapeur-pompier volontaire à la tête. Ça a aussi du sens", s'est réjoui dans un entretien accordé à l'AFP Jean-Paul Bosland, fraîchement élu et longuement ovationné à Paris.
Pour être candidat, il faut être l'un des 45 membres du conseil administratif de la FNSPF. "Potentiellement il peut y avoir 45 candidatures. Donc aujourd'hui c’est une vraie ouverture. D'anciens présidents m'ont dit que l’heure était venue de mettre un sapeur-pompier volontaire à la tête de la fédération. Et je sens cette vibration de la part des collègues volontaires de voir arriver un des leurs", poursuit ce lieutenant colonel de 53 ans, cheveux légèrement grisonnants qui entend être le président "de tous les pompiers de France".
Issu d'une famille de pompiers - "j'ai vu mes premiers camions rouges depuis mon landau !" -, le Rhodanien d'origine, entré à la FNSPF en 2015, "coche pas mal de cases" avec "un parcours assez typique": jeune sapeur-pompier dès l'âge de 14 ans, puis volontaire (à partir de 1986), un poste de personnel technique et administratif durant 14 ans dans un service de prévisions pour l'élaboration des plans d'intervention...
"Les sapeurs-pompiers volontaires sont au plus proche du territoire, des citoyens. Ils sont capables d’aller pratiquer une première réa, poser un défibrillateur, faire des sauvetages avec une échelle sur un incendie. C'est ça la proximité, la réponse opérationnelle", souligne celui qui officie à la caserne d'Annemasse (Haute-Savoie).
Samedi, devant 400 pompiers et dans une atmosphère chaleureuse et détendue, Jean-Paul Bosland a rendu hommage à sa corporation mais aussi à son prédécesseur, le contrôleur général Grégory Allione, ému en tirant sa révérence.
M. Bosland a été félicité dans un tweet par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui a ajouté: "Avec la modernisation de la sécurité civile qui est engagée, nous relèverons ensemble le défi du dérèglement climatique".
- "Soldats du climat" -
Pour le nouveau président, "aujourd'hui il est impératif de recruter des sapeurs-pompiers professionnels mais aussi volontaires".
"On manque de sapeurs-pompiers pour armer nos véhicules, on l’a vu cet été. Comme on l’avait prédit, malheureusement, aujourd'hui on a un feu d'espace naturel sur l’ensemble du territoire. En plus de l'activité quotidienne".
"Et on a un vrai changement de l’activité. Hier on était les soldats du feu, aujourd'hui on est plutôt des soldats du climat et 85% de l’activité concerne le secours aux personnes, parfois plus de l’action sociale, ce pour quoi le pompier n’a pas été forcement formé", relève Jean-Paul Bosland, citant du transport sanitaire sans caractère d'urgence dans les centres urbains.
S'ajoutent à cela des insultes, voire des agressions physiques, qui incitent certains à abandonner. Un fait nouveau. "On voit des collègues quitter le métier depuis cinq ou six ans, ce qu’on n'avait jamais vu auparavant", prévient-il, notant "un vrai changement chez les jeunes sapeurs-pompiers volontaires qui partent après sept, huit ans".
M. Bosland pointe aussi la nécessité d'adapter les formations alors que le cursus est identique quel que soit le secteur, urbain ou sur un territoire très éloigné.
"Il faut qu’on colle à la réalité. Que nous ayons aussi cette souplesse chez nous, les sapeurs-pompiers, de façon à sauvegarder ce volontariat", poursuit-il, mentionnant également les difficultés pour les entreprises de libérer leurs employés/pompiers volontaires pour des interventions.
Jean-Paul Bosland attend beaucoup de la mission Falco, confiée par l'Elysée en octobre à Hubert Falco - maire de Toulon et ancien président du Sdis du Var - "pour écrire la sécurité civile de demain", et dont le rapport est attendu à la fin du premier trimestre.