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L’énigme Xavier Dupont de Ligonnès continue : tous les rebondissements d’une enquête qui dure depuis 13 ans

Xavier Dupont de Ligonnès, principal suspect de l'assassinat de sa femme et de leurs quatre enfants, est introuvable depuis 15 avril 2011. Date à laquelle il a été aperçu pour la dernière fois. Depuis, les hypothèses sur sa fuite se multiplient...

C’est une maison banale, le long du boulevard Robert Schuman de Nantes, une maison occupée par une famille catholique modèle. Il y a là Xavier et Agnès, son épouse, leurs quatre enfants et leurs deux labradors. 

Mais depuis quelques jours, cette maison est étrangement calme. Les chiens n’aboient plus, les volets sont fermés, cela n’arrive jamais, les occupants semblent s’être évaporés. Une voisine s’en inquiète. Elle en touche un mot à une amie policière…une longue enquête commence !

Une première patrouille de police se rend sur place. La maison est vide ou plutôt elle a été vidée de tous les effets personnels mais les assiettes sont toujours dans le lave-vaisselle et les guitares sur le canapé.

 Un avis de recherche est lancé pour disparition inquiétante. Les policiers se sont renseignés à l’école des enfants. On leur a parlé d’une mutation précipitée en Australie. Il n’empêche, tout cela paraît bizarre. Les visites domiciliaires s’enchainent à la recherche d’indices jusqu’à ce matin où une policière relève l’étrange désordre qui règle sur la terrasse et dans un coin du jardin. Des fouilles sont entreprises. Sous une mince couche de ciment, une jambe humaine apparait puis les restes d’un corps, celui de Thomas, 18 ans. 

Sous la terrasse, les policiers découvrent une sépulture. Quatre corps enroulés dans des sacs et des couvertures reposent, recouverts de chaux. Certains ont été enterrés avec un objet religieux, un chapelet, une croix, une statuette de la vierge. 

Les analyses ADN confirment qu’il s’agit bien d’Agnès Dupont de Ligonnes et de ses quatre enfants. L’autopsie établit qu’ils ont été drogués aux somnifères avant d’être tués dans leur sommeil, abattus à bout portant avec une carabine 22 long rifle du même type que celle appartenant à Xavier de Ligonnes. 

Rescapé, témoin et…suspect

Xavier lui a disparu, seul rescapé du massacre, seul témoin et bientôt principal suspect. Nous sommes alors le 21 avril 2011 et l’homme est peut-être déjà loin.

Dans les heures qui suivent, sa voiture, une Citroen C5 bleu métallisée, est repérée sur le parking d’un hôtel Formule 1 à Roquebrune-Sur-Argens à 1000 km au sud de Nantes. La police retrace ses déplacements. Les 7 et 8 avril, il est toujours à Nantes puis il descend vers le sud. A Toulouse dans la nuit du 11 au 12. Ensuite à Avignon où il dîne et dort dans une auberge de luxe. Il donne une fausse identité, Xavier Laurent et paie par carte bancaire au nom de sa société. Le lendemain, il continue son périple vers la Méditerranée. Le 14 avril, il retire 30 euros dans un distributeur de billets à Roquebrune-Sur-Argens (Var). Le soir, il dort dans l’hôtel Formule 1 de cette commune où une caméra de surveillance capte la dernière image du fugitif. Il est 16h10 le 15 avril 2011. Xavier Dupont de Ligonnes quitte à pied le parking du F1 où est garée sa voiture. Depuis lors, on le cherche !

L’enquête révèle des éléments accusateurs.  Xavier Dupont de Ligonnes s’est inscrit dans un club de tir de Nantes quelques mois plus tôt. Il s’y rend parfois avec ses enfants, il y apporte la carabine 22 long héritée de son père et se renseigne sur la possibilité d’y adjoindre un silencieux.

Le 12 mars, il achète des munitions et un silencieux puis, début avril, du ciment, une bèche et de la chaux. Le 3 avril, le couple et trois de leurs enfants vont au cinéma puis au restaurant avant de disparaître. Xavier laisse un message sur le répondeur de sa sœur, il parle d’un ton enjoué des enfants qu’il a couché et du "cinoche" dont il revient.
Pour les enquêteurs, c’est probablement la nuit des crimes, des quatre premiers.

Un enfant, Thomas, manque à l’appel. Il étudie la musique à Angers où son père va le voir le lendemain. Les deux hommes dinent au restaurant mais Thomas ne semble pas bien. Il rejoint son logement mais le jour suivant, le 5 avril, son père l’avertit que sa mère est à l’hôpital à la suite d’une chute de vélo. Il serait bon que Thomas revienne à Nantes. Le jeune homme s’exécute. On ne le reverra jamais vivant.

La lettre de l’agent secret

Le 11 avril, les proches de la famille de Ligonnes reçoivent une étrange lettre dactylographiée qui commence par ces mots : "Coucou tout le monde ! Méga-surprise : nous sommes partis en urgence aux USA, dans des conditions très particulières que nous vous expliquons ci-dessous". 

L’histoire que raconte Xavier ressemble à une série policière. Il aurait été recruté par la brigade des stups américaine et infiltré dans les discothèques françaises où il aurait découvert un trafic international de drogue. Repéré, il était en danger. C’est pourquoi les Américains l’ont exfiltré, lui et sa famille pour longtemps, très longtemps. 

L’histoire ne convainc pas grand monde et les recherches se poursuivent…jusqu’à ce soir de 2019 où la police écossaise confirme son arrestation à l’aéroport de Glasgow. C’était une méprise !  Le vrai Xavier court toujours. Peut-être est-il arrivé dans un monastère. En 2021, les policiers ont visité l’abbaye traditionnaliste de St Michel en Brenne dans le centre de la France. En vain. Peut-être a-t-il rejoint les USA. Cette piste américaine croise la théorie de la famille.

Ou peut-être est-il mort. Xavier Dupont de Ligonnes était un homme aux abois, financièrement acculé qui n’avait pas les moyens d’organiser sa cavale, pensent certains. Le suicide aurait été une issue. 

Mais à défaut de corps, pas de certitude. L’énigme de Ligonnes continue. 
 

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