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Force ouvrière et la CFDT ont ouvert le bal mardi de nouvelles rencontres syndicales à Matignon, avec toujours comme revendication l'abrogation de la réforme des retraites, objet d'une proposition de loi de l'opposition que le gouvernement entend torpiller.
Un mois après sa promulgation, la loi réformant les retraites cristallise encore et toujours les tensions entre l'exécutif et les organisations syndicales, de retour autour de la table des discussions.
Alors que les députés doivent examiner le 8 juin une proposition du groupe indépendant Liot visant à abroger le recul de l'âge légal de 62 à 64 ans, les groupes de la majorité ont convenu mardi de recourir à l'article 40 de la Constitution pour soulever l'irrecevabilité financière du texte.
Une parade destinée à empêcher l'examen de ce texte qui "serait inacceptable", a tonné le patron de la CFDT Laurent Berger à la sortie de son entretien avec Elisabeth Borne mardi soir.
"Les manœuvres qui consisteraient à ce que la proposition de loi ne soient pas examinées seraient encore un coin supplémentaires dans un sentiment de mépris pour nous", a-t-il jugé.
Il a d'ailleurs fait part à la Première ministre du "ressentiment" des salariés "alimenté par la colère" après la crise sur les retraites, mais aussi de "l'exigence" de son syndicat qui ne "se contentera pas de mesurettes", en lui présentant de nombreuses propositions contenues dans un cahier de huit pages.
"On a été francs, directs de chaque côté de la table. On a ouvert le bal mais on n'a pas dansé", a déclaré pour sa part le patron de FO, Frédéric Souillot, qui a offert à la Première ministre un insigne rouge réclamant le "retrait" de la réforme, "priorité" de ce syndicat.
FO a transmis ses arguments sur la réforme du système des retraites pour "contrer ce que disait le président de la République depuis des mois (sur le fait que) +personne n'a fait de propositions+".
- "Conditionnalité" -
Les deux organisations syndicales ont évoqué la question des salaires, et réclamé une "conditionnalité" à ce sujet des aides publiques versées aux entreprises.
FO a demandé que les salaires soient indexés sur l'inflation, un "dégel du point d'indice" des fonctionnaires "à la hauteur de l'inflation", et un "coup de pouce au Smic".
La CFDT, qui soutient l'idée de négociations sur les salaires, a elle plaidé pour une suspension des exonérations de cotisations pour les branches qui ont des minima inférieurs aux Smic.
Après une rencontre avec l'intersyndicale début avril qui avait tourné court, Élisabeth Borne -qui soufflait mardi sa première bougie à Matignon- recevait cette fois chacune des cinq organisations représentatives, sans ordre du jour précis.
Elle s'entretiendra mercredi avec la CFE-CGC, la CFTC, et la CGT.
Ces rencontres s'inscrivent dans la feuille de route qu'Emmanuel Macron a confiée à la Première ministre pour relancer l'exécutif après la crise des retraites.
Les syndicats seront ensuite reçus en "multilatérale" d'ici la fin du mois, a annoncé le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran.
- "Trop tôt" -
Mais FO ne veut "pas de calendrier, pas de multilatérale, pas de conférence" sociale. "Aujourd'hui c'est retrait de la réforme, salaires liés à l'inflation".
Laurent Berger a jugé que c'était "trop tôt" pour s’engager sur un agenda social que la Première ministre propose de bâtir pour un "nouveau pacte de la vie au travail", qui ferait l'objet d'un projet de loi présenté en fin d'année ou début 2024.
Les syndicats doivent de leur côté présenter le 30 mai des propositions communes sur les salaires, avant une 14e journée de grève et de manifestations le 6 juin, à deux jours de l'examen du texte des députés Liot.
L'intersyndicale a lancé mardi le site internet jusquauretrait.fr pour appeler les parlementaires à "voter cette loi" Liot, que le gouvernement et la majorité tentent de faire échouer.
"Le 8 c'est le dernier combat", a expliqué sur Public Sénat le patron de la CFTC Cyril Chabanier. "Derrière on passe à juillet-août, ça va être compliqué de faire des mobilisations".
Les organisations patronales, reçues la semaine prochaine, auraient préféré une négociation autonome avec les syndicats, qu'ils verront le 5 juin.