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En tournée en Afrique centrale, le président français Emmanuel Macron a insisté vendredi en Angola sur le nouveau visage que veut présenter son pays au continent, avant d'être rattrapé au Congo par les liens historiques entre Paris et une de ses anciennes colonies.
Après un entretien d'environ une heure à Brazzaville, le président français et son homologue congolais Denis Sassou Nguesso ont parlé devant la presse du général Charles de Gaulle (1890-1970), qui avait déclaré Brazzaville capitale de la France libre pendant la Seconde guerre mondiale.
Emmanuel Macron a souligné parmi les sujets d'intérêt bilatéral le volet "mémoriel, historique et culturel".
Denis Sassou Nguesso a de son côté énuméré les sites historiques et touristiques que le président français pourrait voir à Brazzaville quand il viendra plus longtemps, allusion à sa visite que beaucoup de Congolais ont jugée trop courte. Il y a "le mémorial Savorgnan de Brazza, l'école de peinture de Poto-Poto, le monument de Félix-Eboué et tant d'autres", a-t-il déclaré.
"Je l'attends ici lorsque nous lancerons le sommet des trois bassins" (les trois grands bassins forestiers du monde), a ajouté le président congolais, sur le thème de l'ensemble du voyage d'Emmanuel Macron dans des pays du bassin du fleuve Congo et de sa forêt tropicale.
Le président français était arrivé en fin d'après-midi dans la capitale du Congo en provenance d'Angola, qui était la deuxième étape de son voyage après le Gabon. Il est reparti dans la soirée pour Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo (RDC), juste en face, sur l'autre rive du fleuve qui a donné son nom aux deux pays.
Avant son départ, dans un discours devant la communauté française, il a réaffirmé son ambition de "dépoussiérer" la relation avec l'Afrique et souhaité que "l'amitié" avec le Congo s'appuie sur les pages "glorieuses" de leur histoire commune "pour bâtir des pages nouvelles, réinventées".
Le périple d'Emmanuel Macron a un fil rouge affiché: tourner la page de la "Françafrique", avec ses pratiques opaques et ses réseaux d'influence hérités de la colonisation, adopter un nouveau "logiciel" reposant sur "l'humilité" et des partenariats pragmatiques.
L'étape de Brazzaville, où Denis Sassou Nguesso règne d'une main de fer depuis près de 40 ans, apparaissait quelque peu à contrecourant de cette nouvelle orientation.
A la veille de son arrivée, des organisations de défense des droits humains avaient demandé au président français de relayer leurs préoccupations, sujet qui n'a pas été publiquement évoqué après l'entretien des deux chefs d'Etat.
- Étape délicate -
A Luanda, le président français a participé à un forum économique axé sur l'agriculture, auquel plus de 50 entreprises françaises ont pris part, avant de rencontrer son homologue angolais Joao Lourenço.
Des accords de coopération ont été conclus pour renforcer la filière agricole angolaise, alors que le pays lusophone d'Afrique australe importe une grande partie de ses produits alimentaires.
C'est une "stratégie de souveraineté alimentaire à laquelle nous croyons pour le continent africain", consistant à "bâtir des partenariats équilibrés et réciproques" et à développer du "+made in Africa+ qui doit devenir une référence", a dit le président français.
A Brazzaville, Emmanuel Macron a également suggéré un partenariat agricole sur le modèle de l'Angola et du Cameroun.
Il a par ailleurs salué le rôle de Denis Sassou Nguesso dans les tentatives africaines de règlement de la crise en Libye.
Il avait remercié à Luanda le président Lourenço pour son "engagement pour la stabilité de la région", citant le conflit dans l'est de la RDC.
Une délégation de la rébellion du M23, active en RDC, était présente à Luanda. Aucune rencontre n'a cependant eu lieu entre cette délégation et la présidence française, selon cette dernière.
Samedi à Kinshasa, Emmanuel Macron parlera notamment sciences et culture. Mais cette étape, la dernière de son voyage, s'annonce délicate sur un autre terrain, la France étant accusée en RDC de soutenir le Rwanda plutôt que Kinshasa face à la rébellion dans l'est du pays.
Après plusieurs petites manifestations cette semaine, des mouvements citoyens ont affirmé que M. Macron n'était "pas le bienvenu".