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Retraites: après une mobilisation record, l'exécutif garde son cap

Au lendemain d'une mobilisation record contre la réforme des retraites, le projet défendu par le gouvernement a achevé son passage en commission à l'Assemblée sans que les députés ne puissent l'examiner dans sa totalité, prélude au combat qui s'annonce dès lundi dans l'hémicycle.

Les deux semaines de débats qui s'annoncent houleux au Palais Bourbon à partir du 6, se dérouleront avec en toile de fond deux nouvelles journées d'action, les 7 et 11 février, à l'appel de l'intersyndicale d'autant plus prête à poursuivre le bras de fer avec l'exécutif que la mobilisation dans la rue a dépassé le record historique de 2010.

Les manifestations ont réuni mardi plus de 1,27 million de personnes selon le ministère de l'Intérieur (plus de 2,5 millions selon les syndicats), soit davantage que la première mobilisation du 19 janvier.

Si le gouvernement dit "entendre" et "comprendre" la colère des Français, il ne renonce pas pour autant au report de l'âge de départ à 64 ans qui cristallise le mécontentement.

"Bien sûr, nous entendons les inquiétudes et les doutes. Nous sommes prêts à enrichir le texte et je ne doute pas que le Parlement y contribuera", a déclaré mercredi la Première ministre, lors de la séance des Questions au gouvernement au Sénat.

Élisabeth Borne a repris à son compte les propos du premier président de la Cour des comptes Pierre Moscovici qui "a déclaré la semaine dernière que notre système de retraite n'était pas soutenable en l'état et qu'une réforme était indispensable". Elle a aussi dit "mesure(r) ce que cela représente pour beaucoup de Français".

Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran avait auparavant assuré que le gouvernement regardait avec "humilité, concentration" le mouvement social, tout en assurant garder le "cap de préserver la souveraineté de notre pays".

M. Véran a relativisé la hausse de la mobilisation entre les deux journées d'action, constatant que s'il y a eu "un peu plus de manifestants" mardi, il y eut aussi "un peu moins de grévistes" que le 19.

- "On accentue cette mobilisation" -

"Hier (mardi) c’était la plus grande manifestation (depuis 30 ans), 1995 compris!", a salué sur RTL le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, en première ligne de la contestation.

Avec deux nouvelles journées d'actions, "on accentue cette mobilisation" et "on donne la possibilité (...) à des gens qui ne peuvent pas toujours manifester en semaine de venir exprimer leur mécontentement", a expliqué M. Berger.

La première journée coïncidera avec le mouvement social chez les raffineurs, appelés à cesser le travail pour 72 heures à partir du 6 février. A la RATP, l'intersyndicale a également appelé à la grève les 7 et 11 février. Front syndical désuni en revanche à la SNCF: si les principaux syndicats de l'entreprise ferroviaire appellent à une troisième journée de grève le 7, seuls la CGT Cheminots et SUD-Rail veulent poursuivre le mouvement le lendemain, et l'indécision persiste pour le 11.

"J'appelle le gouvernement à arrêter d'être droits dans vos bottes, discutons et entendez que cette mesure d'âge, elle n'est pas du tout acceptée, elle est rejetée", a intimé M. Berger.

Philippe Martinez (CGT) a, lui, mis en garde contre un durcissement du mouvement et des grèves reconductibles : si le gouvernement continue à "minimiser le mécontentement, il va falloir passer à la vitesse supérieure", a-t-il dit, accusant l'exécutif de "jouer le bras de fer".

Du côté des syndicats comme du gouvernement, l'attention est désormais tournée vers le Parlement.

La Première ministre a reçu mercredi matin le président des Républicains Éric Ciotti et le chef de file des députés LR Olivier Marleix. Lors de cette rencontre ont été évoqués un "certain nombre de sujets" qui "doivent être améliorés, notamment celui des carrières longues", a expliqué M. Marleix, selon lequel "la balle est dans le camp du gouvernement".

Difficile en tout cas de tirer des enseignements de l'examen du texte en commission qui s'est achevé mercredi à 19H19 au bout de trois jours de débats où chacun s'est renvoyé la responsabilité des blocages.

Il restait 4.997 amendements à la fin des travaux et les députés n'ont pas eu le temps d'aborder l'article clé sur le report de l'âge légal à 64 ans.

"28 heures de blocage", a lancé Sylvain Maillard (Renaissance) à la gauche, les députés RN dénonçant également les milliers d'amendements déposés par la gauche.

"Ils me font penser à Juppé en 95: droits dans leurs bottes", a déploré en retour Jérôme Guedj (PS).

Selon un sondage Elabe pour BFMTV, la réforme reste toujours majoritairement rejetée dans l'opinion, avec 71% des Français qui y sont opposés.

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