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Retraites: en France, le ministre Darmanin, gardien de la droite de Macron

Il ne cesse de défendre le "formidable" travail de la police, malgré des accusations de violences, et reproche à la gauche de "bordéliser" le pays: atout-clé du président Emmanuel Macron, le très à droite ministre de l'Intérieur français Gérald Darmanin se place au coeur du jeu politique et aiguise ses ambitions.

Avec Emmanuel Macron, de cinq ans son aîné, Gérald Darmanin incarne à 40 ans une nouvelle génération de politiciens français même s'il a, lui, lentement gravi les échelons du pouvoir, devenant maire de la ville défavorisée de Tourcoing (Nord) à 31 ans et s'engageant très jeune auprès de l'ancien président de droite Nicolas Sarkozy.

Ministre de M. Macron depuis 2017, d'abord aux Comptes publics avant d'être promu à l'Intérieur en 2020, on prête à cet homme clivant, issu d'un milieu modeste, les plus grandes ambitions, y compris le palais présidentiel de Elysée.

En attendant, Matignon, résidence officielle des Premiers ministres, serait une marche plus facilement abordable. D'autant que l'actuelle titulaire du poste, Elisabeth Borne, ressort fragilisée de la réforme des retraites, passée sans vote à l'Assemblée nationale malgré des mois de concertations et de manifestations.

Gérald Darmanin, qui se défend officiellement d'être "candidat à aucun autre poste", la "joue Premier ministre fin de mandat" et "a réussi à avoir la confiance des parlementaires, ce qui était son point faible", analysait, avant même la crise des retraites, un cadre de la majorité présidentielle.

Depuis des mois, alors que des centaines de milliers de Français marchent contre cette réforme phare - et impopulaire - du second mandat d'Emmanuel Macron, il reçoit régulièrement des députés pour préparer une nouvelle loi sur l'immigration, thématique incendiaire en France depuis des décennies, dans un paysage politique marqué par la progression régulière de l'extrême-droite.

M. Darmanin rencontre notamment les parlementaires de droite, son ancien camp politique, qui l'ont longtemps qualifié d'"opportuniste", après son ralliement à Emmanuel Macron en 2017. Un atout pour lui, tant la droite est la clé des votes à l'Assemblée, où le gouvernement ne dispose que d'une majorité relative.

"Gérald, il a passé le statut de traître" et est désormais "compatible" avec son ancienne famille politique, avance un ministre qui le soutient.

L'intéressé s'affiche volontiers en héritier du "gaullisme social" --"ferme sur l'autorité", "social sur l'économie"-- en hommage à la figure majeure de la droite française depuis le deuxième conflit mondial, le héros de la Résistance devenu président d'après-guerre, Charles de Gaulle.

- Clivant -

Petit-fils de tirailleur algérien, né à Valenciennes (Nord) d'un père tenancier de bar et d'une mère femme de ménage à la Banque de France, Gérald Darmanin ne manque jamais l'occasion de rappeler ses origines modestes et son deuxième prénom, Moussa.

Honni par la gauche, il a fait des années durant l'objet d'accusations de viol mais a bénéficié d'un non-lieu début 2023, décision contre laquelle la plaignante s'est pourvue en cassation.

Depuis qu'il tient l'Intérieur, ce ministère-clé chargé en France de la sécurité intérieure, de la police/gendarmerie ainsi que des cultes, il multiplie les formules chocs: "Ensauvagement" de la société, la drogue "c'est de la merde", Marine Le Pen, la ténor d'extrême-droite, est "un peu molle"...

Lui qui s'emploie à choyer les syndicats policiers, tous puissants dans la profession, à coup de dîners et à accéder à nombre de leurs revendications maintient ce cap dans la tempête.

Aux critiques du Conseil de l'Europe sur un "usage excessif de la force" en France, il oppose la supposée "radicalisation" de "casseurs" issus de "l'extrême-gauche" et loue le "formidable" travail des forces de sécurité pour "éviter un mort".

Depuis le début des manifestations sur les retraites, les nombreux affrontements entre policiers et protestataires ont toutefois causé plusieurs blessés graves. Un homme a notamment été éborgné et une manifestante a eu un doigt arraché par des grenades de désencerclement, selon les syndicats.

M. Darmanin préfère, lui, contre-attaquer en accusant l'alliance de la gauche à l'Assemblée nationale de prendre "la pente de cette ultragauche des années 1970" qui posait des bombes en Europe.

Une nouvelle "outrance", selon la gauche qui accuse Gérald Darmanin d'être d’abord "en campagne" pour remplacer Elisabeth Borne à Matignon.

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