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D'accord sur rien et surtout pas sur les retraites? Les consultations politiques se sont poursuivies mardi à Matignon, avec des chefs de partis de gauche, préludes au rendez-vous très attendu entre les N.1 syndicaux et la Première ministre et à une onzième journée de mobilisation.
Après les ténors de la droite et du centre lundi, Élisabeth Borne avait rendez-vous avec une partie de la gauche. A commencer par la cheffe des écologistes, Marine Tondelier, venue parler à la mi-journée "du climat de violence" et "du maintien de l'ordre".
Et qui a fait le lien avec la réforme des retraites dès la fin de son entretien: "Il n'y aura pas de paix sans retrait, ce n'est pas une menace, ce sont les faits", a-t-elle déclaré, ajoutant que "les Français ne sont pas prêts à tourner la page".
Le Premier secrétaire du PS Olivier Faure a prévenu de son côté la Première ministre que "laisser cette situation s'envenimer, laisser même peut-être la violence remplacer ce qui a été jusqu'ici des manifestations pacifiques, c’est prendre un risque considérable".
"Est-ce que nous voulons un nouveau Malik Oussékine?", a-t-il demandé, en allusion à cet étudiant décédé en 1986 sous les coups de policiers à moto, en marge d'une manifestation.
Le communiste Fabien Roussel a lui décliné l'invitation à Matignon et s'est rendu à l'Elysée avec quelques parlementaires de son camp, mais aussi du groupe centriste Liot, pour demander un référendum sur le sujet.
Au terme d'un "échange franc et direct" avec le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron, les positions n'ont guère évolué. "Tout le monde attend la décision du Conseil constitutionnel", a résumé M. Roussel.
Le verdict qui sera rendu le 14 avril est aussi dans la ligne de mire des syndicats. "S'il censure l'ensemble de la loi, ce sera très bien", déclare Laurent Berger dans un entretien à l'Obs. A défaut, un feu vert à la procédure de référendum d'initiative (RIP) partagée sur les retraites pourrait aussi "être l'occasion de ne pas promulguer cette loi et de repartir sur de bonnes bases", ajoute le secrétaire général de la CFDT.
- Accorder les violons -
Messages distillés la veille du rendez-vous de l'intersyndicale avec la Première ministre, mercredi à 10H00. Les responsables des huit principales organisations se sont d'ailleurs réunis mardi après-midi au siège de la CFDT pour accorder leurs violons avant cet entretien au sommet.
Une première pour la nouvelle secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, élue la semaine dernière au terme d'un Congrès mouvementé.
"Cela s'est déroulé dans une très bonne ambiance. L'intersyndicale est bien unie, soudée. C'est rassurant, rien n'a changé", a commenté un des participants sous couvert d'anonymat à l'AFP. "Demain le gouvernement qui veut tourner la page va voir qu'on ne veut pas tourner la page".
"Nous allons redire à la Première ministre notre opposition aux 64 ans, lui demander de ne pas appliquer ce texte et de lancer un dialogue social sur le travail et les retraites", explique le secrétaire national de la CFDT Yvan Ricordeau.
Après la onzième journée d'action prévue jeudi, une douzième devrait avoir lieu la semaine prochaine, en amont de la décision du Conseil constitutionnel.
La participation, en net repli la semaine dernière, sera scrutée de près, tout comme les débordements en marge des cortèges.
De nouvelles perturbations sont attendues dans les écoles, les raffineries ou les transports, avec notamment 3 TGV sur 4 et un TER sur 2 annoncés en moyenne. Très peu de perturbations sont en revanches attendues sur le réseau RATP.
Mardi matin, plusieurs manifestations dans l'ouest du pays ont provoqué des blocages de route à Vannes, Morlaix, Saint-Brieuc ou Nantes. A Bordeaux, une coupure d'électricité dans le quartier de la gare Saint-Jean, revendiquée par la CGT, a privé de courant 22.000 foyers selon Enedis.
A Paris, où les trottoirs ont été débarrassés des monceaux d'ordures accumulés en mars, la CGT appelle de nouveau les éboueurs à la grève "reconductible" à partir du 13 avril, veille de l'avis du Conseil constitutionnel.
Les syndicats se projettent déjà sur la suite, promettant une forte mobilisation pour obtenir les 4,7 millions de signatures nécessaires au RIP si d'aventure le Conseil constitutionnel validait la loi et le référendum.
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