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L'Assemblée nationale a adopté dans la nuit de mercredi à jeudi l'ouverture d'un "accès direct" des patients aux infirmiers en pratique avancée (IPA), l'une des mesures d'une proposition de loi sur l'accès aux soins vivement critiquée par les médecins.
L'article premier de ce texte, voté en première lecture par les députés avec 62 voix contre 3, prévoit également la possibilité pour ces infirmiers de faire certaines prescriptions.
Le statut d'IPA, créé via la loi Touraine de 2016 et un décret en 2018, avec un diplôme bac+5, vise notamment à réduire la charge de travail des médecins en élargissant les compétences de certains infirmiers sur des pathologies ciblées.
Mais le déploiement de ces "infirmiers experts" est encore limité, en raison notamment d'un nombre insuffisant de patients qui leurs sont adressés par des médecins et d'une rémunération peu attractive.
L'article adopté mercredi vise à revaloriser ce statut en donnant la possibilité aux patients de se rendre directement chez ces paramédicaux sans passer en amont par un médecin, mais dans le cadre d'un "exercice coordonné" avec ce dernier.
Les députés ont aussi adopté un amendement du groupe LFI, soutenu par le gouvernement, prévoyant que le décret déterminant les modalités d'une "primo-prescription" par ces IPA devra être pris en Conseil d'Etat après avis de la Haute Autorité de Santé.
La proposition de loi de la députée Renaissance Stéphanie Rist, dont l'examen doit se poursuivre jeudi, prévoit également d'instaurer un "accès direct" aux kinésithérapeutes et aux orthophonistes.
"Ce texte répond à deux objectifs: lutter contre les déserts médicaux et améliorer l'accès aux soins", a plaidé Mme Rist.
Socialistes et communistes ont annoncé qu'ils s'abstiendraient sur le vote global du texte, jugé trop peu ambitieux pour lutter contre la désertification médicale. Les écologistes ont annoncé de leur côté un vote favorable, malgré des réserves.
"Nous conditionnons notre vote final à l'écoute que vous accorderez à nos propositions", a dit de son côté la députée LFI Farida Amrani lors de la discussion générale.
Le groupe LR "sera constructif", avait indiqué la députée Justine Gruet, prévenant toutefois qu'un vote final positif sur le texte serait conditionné à la suppression de l'article sur les IPA.
Les organisations de médecins s'alarment de certaines mesures du texte, qui contournent selon elles les prérogatives des praticiens libéraux.
Ce texte est "dangereux et inadapté", a ainsi estimé mercredi le syndicat de médecins généralistes MG France, mettant en garde contre "une médecine où des professionnels de santé sont interchangeables sans une quelconque prise en compte de la qualité des soins".