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L'ex-président du Suriname, Desi Bouterse, a admis jeudi avoir entendu les coups de feu le jour de l'assassinat de 15 opposants en 1982, mais nie toujours avoir donné l'ordre de les exécuter.
"On pouvait entendre des coups de feu, mais ce n'était pas une succession de coups de feu qui aurait été une raison pour moi de poser des questions à ce sujet", a dit M. Bouterse, interrogé dans le cadre de l'affaire des "assassinats de décembre".
Le procès de l'ancien homme fort de ce pays d'Amérique du Sud a repris en appel après que la Haute cour a rejeté un recours de M. Bouterse, qui arguait que l'un des juges, cousin d'une des victimes, était "partial".
La justice a établi que les deux hommes avaient un arrière-grand-père commun mais autorisé la reprise du procès.
Des témoignages ont indiqué que les exécutions avaient eu lieu à des moments différents le 8 décembre 1982.
L'ex-président a promis qu'il pensait que les tirs étaient des tentatives d'intimidation et assuré ne pas se trouver dans l'ancienne caserne de Fort Zeelandia, dans la capitale Paramaribo, au moment des exécutions.
"C'était ma responsabilité de les faire arrêter. Pas de les tuer. Si j'avais su qu'ils allaient être tués, je n'aurais jamais ordonné leur arrestation", a-t-il assuré, répétant que les 15 opposants, qu'il souhaitait envoyer dans un autre pays par avion, voulaient le renverser.
Desi Bouterse a toutefois reconnu ne pas avoir cru au rapport du 9 décembre 1982 qui faisait état d'une "tentative d'évasion" comme cause des décès.
Il a régulièrement accusé son second Paul Bhagwandas, mort en 1996, d'être responsable.
Selon Hugo Essed, avocat de proches des victimes, rien ne prouve qu'un coup d'Etat se tramait, ni que M. Bouterse ait ordonné la préparation d'un avion pour l'expulsion.
Le parquet doit faire connaître ses réquisitions le 31 janvier.
Condamné à 20 ans de prison, l'ex-président a obtenu un procès en appel et est resté libre, la loi locale prévoyant une incarcération seulement après l'épuisement de tous les recours légaux par l'accusé.
Auteur de deux coups d'Etat, Desi Bouterse, 77 ans, a été élu président du Suriname en 2010 et l'est resté jusqu'en 2020.
Interpol avait émis un mandat d'arrêt contre lui après sa condamnation à 11 ans de prison en 1999 aux Pays-Bas, pour trafic de cocaïne. Son statut l'a protégé de l'extradition.