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Amnesty International a indiqué jeudi avoir décompté 23 morts dans les troubles qui ont secoué le Sénégal la semaine dernière, davantage que le bilan officiel des autorités, et a exigé une enquête indépendante.
"Près de 23 morts, selon nos chiffres, dont plusieurs par balles, ont été enregistrés entre Dakar et Ziguinchor" (sud), dit Amnesty dans un communiqué. Trois étaient des mineurs, a dit l'ONG qui s'est notamment basée sur 18 entretiens, des certificats de décès et des rapports d'autopsie.
Amnesty dit avoir constaté, dans des vidéos authentifiées, la présence, aux côtés des forces de l'ordre, d'hommes armés en civil qui s'en prennent violemment aux manifestants.
"L'État ne doit pas permettre la présence d'individus non identifiés comme faisant partie des forces de l'ordre pour des opérations de maintien de l'ordre, ni l'usage de la force. Ce sont des évidentes violations du droit international", a déclaré dans le communiqué Seydi Gassama, directeur exécutif d'Amnesty Sénégal.
L'organisation dénonce aussi les atteintes à la liberté d'expression. Les autorités ont suspendu plusieurs jours l'accès à des réseaux sociaux populaires et l'accès à internet via les téléphones portables.
Interrogé par l'AFP, le gouvernement n'a pas réagi.
Il a préalablement justifié le recours à la force par la nécessité de rétablir l'ordre face à ce qu'il a présenté comme une tentative de déstabiliser l'État, y compris de la part d'hommes en armes.
Le Sénégal a été en proie du 1er au 3 juin à ses pires troubles depuis des années après la condamnation de l'opposant Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme dans une affaire de mœurs. L'annonce de la condamnation a déclenché des violences qui ont fait officiellement 16 morts.
Cette décision de justice rend, en l'état actuel, inéligible pour la présidentielle de 2024 une personnalité populaire dans la jeunesse et les milieux défavorisés.