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Quelques heures après son interpellation au Montenegro, le fondateur Sud-coréen de la cryptomonnaie Terra, Do Kwon, a été inculpé jeudi pour fraude par la justice américaine, selon les documents que l'AFP a pu consulter.
Un jury fédéral de New York a retenu pas moins de huit chefs d'inculpation contre l'homme de 31 ans, accusé de divers types de fraude, dont fraude en ligne, en bande organisée, en lien avec le crash de son cryptoactif, entraînant une perte de près de 40 milliards de dollars pour les investisseurs.
Selon l'acte d'accusation, M. Kwon a "volontairement trompé les investisseurs sur de nombreux aspects de la blockchain Terra, parmi lesquels la technologie utilisée et l'ampleur de son adoption par les utilisateurs".
Il a été arrêté un peu plus tôt dans la journée au Montenegro, en compagnie de son directeur financier, Hon Chang Joon, selon le ministre de l'intérieur du pays des Balkans.
"La police du Montenegro a arrêté une personne soupçonnée d'être l'un des fugitifs les plus recherchés au monde, le Sud-Coréen Do Kwon, cofondateur et PDG de Terraform Labs", a annoncé sur Twitter Filip Adzic.
Les deux hommes ont été arrêtés à l'aéroport de la capitale, Podgorica, en possession de "documents falsifiés", alors qu'ils cherchaient à embarquer pour Dubai en utilisant de faux passeports belge et costaricien.
Les deux hommes faisaient l'objet d'un mandat d'arrêt émis par leur pays d'origine.
"Nous attendons une confirmation officielle de son identité", a poursuivi Filip Adzic.
Interpol avait diffusé en septembre une notice rouge pour le localiser, à la demande de procureurs sud-coréens. Le parquet avait demandé au ministère des Affaires étrangères à Séoul de révoquer son passeport, affirmant que Do Kwon était "en fuite".
Le gendarme boursier américain, la SEC, avait de son côté engagé des poursuites mi-février contre Do Kwon pour avoir "orchestré une fraude de plusieurs milliards de dollars en actifs crypto".
- Une stabilité non assurée sur des devises -
Au-delà de la lourde perte enregistrée par les investisseurs, la chute de Terraform Labs et du Terra avaient ébranlé le marché mondial des cryptomonnaies, première des nombreuses secousses qui ont touchés ce secteur depuis un an.
Terraform Labs proposait une cryptomonnaie dite stable, ou "stablecoin", le Terra.
En principe, le cours d'un stablecoin est adossé à celui d'une devise traditionnelle ou à des actifs tangibles, ce qui garantit aux investisseurs plus de stabilité dans l'univers très volatil des cryptomonnaies.
Cependant, la stabilité de certaines de ces cryptomonnaies n'est pas assurée par des réserves en devises, mais par un algorithme qui réalise des arbitrages en fonction de l'offre et de la demande d'une autre cryptomonnaie.
C'était le cas du Terra, qui était adossé au cryptoactif développé par la Luna Foundation Guard.
Pour la SEC, Terraform et Do Kwon "ont à maintes reprises dupé les investisseurs" en affirmant qu'une populaire application coréenne de paiement avait utilisé la technologie derrière le Terra pour régler des transactions qui augmenteraient la valeur du Luna.
Le système de Terraform Labs "constituait simplement une fraude gonflée par un pseudo +stablecoin+ algorithmique, dont le prix était contrôlé par les accusés, et pas par un quelconque code informatique", a affirmé un haut responsable de la SEC, Gurbir Grewal.
En avril 2022, la valeur du Terra avait atteint son plus haut niveau. Selon CoinMarketCap, il était alors le quatrième stablecoin le plus important et la dixième principale cryptomonnaie en termes de valeur marchande.
Un mois plus tard, le Terra avait perdu plus de la moitié de sa valeur en à peine 24 heures, semant un vent de panique.
Très vite, le stablecoin et son jeton jumeau Luna sont tombés à zéro, frappant les économies de nombreux petits investisseurs.
Les autorités sud-coréennes ont depuis ouvert plusieurs enquêtes criminelles autour de cette affaire.
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