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Cambodge: la dynastie Hun savoure son triomphe, malgré les critiques internationales

Au Cambodge, Hun Manet, pressenti pour succéder à son père Hun Sen au poste de Premier ministre, a salué le "soutien écrasant" apporté au parti au pouvoir dimanche lors d'élections législatives que Washington a qualifié de "ni libres, ni équitables".

Dans un scrutin sans suspense en l'absence de toute opposition crédible, le Parti du peuple cambodgien (PPC) de Hun Sen, au pouvoir depuis 38 ans, a revendiqué un "raz-de-marée" avec au moins 78% des voix et devrait rafler 120 des 125 sièges de l'Assemblée, selon les médias locaux.

Pour ses détracteurs, Hun Sen, arrivé au pouvoir en 1985, a fait reculer les libertés fondamentales et utilisé le système judiciaire pour museler ses adversaires, jetés par dizaines en prison au cours de ses mandats.

A 70 ans, il s'apprête, peut-être dès les semaines à venir, à passer le relais à son fils aîné Hun Manet, 45 ans, général quatre étoiles formé aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, et élu député dimanche pour la première fois.

"Le peuple cambodgien a clairement exprimé sa volonté (..) Il a apporté un soutien écrasant au PPC", a publié Hun Manet sur ses réseaux sociaux lundi, avant de remercier les électeurs pour "l'amour et la confiance" témoignés.

- "ni libres, ni équitables" -

Dans un communiqué, le département d'Etat américain s'est dit "préoccupé" après des élections "qui n'ont été ni libres, ni équitables".

Autrefois au pouvoir, seul le parti royaliste FUNCIPEC, très peu critique envers Hun Sen, a sorti son épingle du jeu et devrait faire son retour à l'Assemblée avec 5 députés.

Le Parti de la bougie, seul rival crédible du Premier ministre, a été exclu de la course quelques semaines avant le vote pour ne pas s'être enregistré correctement auprès de la commission électorale.

Dans les semaines précédant les élections, la liberté d'expression a été largement étouffée avec la fermeture d'un des derniers médias indépendants, la lourde condamnation du principal opposant pour trahison et la modification de la loi électorale pour exclure de facto les opposants en exil des élections futures.

"Ces actions ont privé le peuple cambodgien d'une voix et d'un choix pour déterminer l'avenir de son pays", a ajouté Matthew Miller, le porte-parole du département d'État.

Les autorités enquêtent sur 27 personnes accusées d'avoir incité les électeurs à glisser des bulletins rayés ou nuls le jour du scrutin, a déclaré à l'AFP le porte-parole du ministère de l'intérieur, Khieu Sopheak.

En l'absence d'une opposition digne de ce nom, cela aurait été un moyen pour les électeurs de manifester leur mécontentement à l'égard du gouvernement.

A la veille des élections, Sam Rainsy, figure de l'opposition cambodgienne en exil en France, a été interdit de se présenter pendant 25 ans pour avoir appelé les électeurs à déposer dans les urnes des bulletins non valides.

Au cours du dépouillement, des journalistes de l'AFP ont vu de tels bulletins, mais le parti au pouvoir a minimisé le phénomène et le risque de manifestations est quasi nul dans un pays dirigé d'une main de fer.

- "Nous le soutiendrons" -

Lundi matin, la capitale Phnom Penh était calme avec peu de monde dans les rues.

"La situation est normale (..) Il n'y a aucun problème", a déclaré à l'AFP Khon Sokna, 42 ans, vendeuse dans un kiosque à journaux.

Derrière elle, plusieurs journaux en anglais et en khmer, intacts, flottent au bout d'une ficelle, célébrant la victoire de Hun Sen dans les urnes.

D'autres personnes se félicitaient de la stabilité qu'apportera selon elles la transmission de pouvoir entre Hun Sen et son fils, dans un royaume encore profondément marqué par les années de guerre et le génocide.

Lon Mon, un commerçant de 52 ans, a déclaré qu'il serait triste lorsque Hun Sen prendra sa retraite.

"Mais c'est aussi une bonne chose que son fils continue (à diriger le pays). Nous le soutiendrons", assure-t-il.

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