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La fin du troisième cycle de négociations qui se tient à La Havane entre le gouvernement colombien et la guérilla d'extrême-gauche de l'Armée de libération nationale (ELN), avec à la clé la signature d'un possible cessez-le-feu de six mois, a été reportée d'un jour, ont annoncé jeudi les deux parties.
"Nous avons demandé une journée supplémentaire au président de la République Gustavo Petro et au premier commandant de l'Armée de libération nationale (ELN) Antonio Garcia, pour la tenue de la cérémonie de clôture du troisième cycle de la plateforme de Dialogue de paix afin de finaliser les derniers détails des textes des Accords de Cuba et ses protocoles respectifs", ont-t-elles indiqué dans un communiqué commun, quelques heures avant le début de la cérémonie initialement programmée.
Le président colombien avait annoncé mercredi qu'il se rendrait à La Havane pour présider la séance finale du troisième cycle de pourparlers, débuté le 2 mai à La Havane, pour "signer un document qui pourrait signifier le début sans retour en arrière d'une ère de paix" pour le pays.
Jeudi, le Haut commissaire colombien pour la paix, Danilo Rueda, cité dans un communiqué de la présidence à Bogota, a déclaré qu'il "y aura un cessez-le-feu (avec l'ELN) à caractère national", soulignant "le climat de confiance absolue et de sécurité" prévalant dans les négociations entre les deux parties.
C'est "la première fois que l'ELN, lors des divers processus de paix avec différents gouvernements, conclut un accord bilatéral pour six mois", a-t-il ajouté, précisant que des mécanismes de "surveillance et vérification" de l'accord seront mis en place dans les "prochains jours et semaines".
Ces déclarations interviennent quelques jours après la suspension par le parquet colombien du mandat d'arrêt lancé contre Antonio Garcia, dirigeant de l'ELN.
- Depuis 2018 -
Sous l'impulsion de M. Petro, premier président de gauche du pays et ex-guérillero, le gouvernement colombien négocie depuis fin 2022 avec l'ELN, dernière guérilla constituée comme telle encore active en Colombie.
Les pourparlers ont commencé en novembre à Caracas avant de se poursuivre en mars à Mexico où les deux parties se sont engagées à discuter d'un cessez-le-feu. La mort de neuf soldats colombiens fin mars dans une embuscade de l'ELN avait ensuite suscité le doute sur la suite des négociations.
Les pourparlers avec l'ELN ont débuté en 2018, déjà à La Havane, sous le gouvernement de Juan Manuel Santos (2010-2018) mais son successeur, le conservateur Ivan Duque (2018-2022) y a mis fin en 2019 après un attentat sanglant contre une école de police (22 morts).
M. Duque avait alors réactivé les mandats d'arrêt contre les négociateurs du groupe armé et demandé à Cuba leur extradition, ce que La Havane avait refusé. Ce refus avait poussé le président américain d'alors, Donald Trump, a inscrire Cuba sur la liste noire des pays soutenant le terrorisme.
Les discussions ont repris après l'élection durant l'été 2022 de M. Petro.
L'ELN, qui comptait 5.850 combattants en 2022, selon les autorités, a eu des pourparlers sans résultats avec cinq gouvernements.
Ensanglantée par un demi-siècle de conflit armé, la Colombie a tenté de nombreuses négociations de paix avec les groupes armés. En 2016, un accord historique, négocié à La Havane, a conduit au désarmement de la puissante guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) et à sa transformation en un parti politique.