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Alors que pas un jour ne se passe sans une nouvelle initiative de Donald Trump, aux Etats-Unis, l'opposition paraît toujours sonnée par la défaite de Kamala Harris. Sans leader, sans programme ni stratégie de reconquête, le parti démocrate est en pleine crise existentielle. On a l'impression qu'il n'existe plus de contre-pouvoir face au président républicain.
En général, aux États-Unis, comme ailleurs, quand un parti perd une élection, il a du mal à se remettre en marche. Le seul contre-exemple qui me vient à l'esprit, c'est justement Donald Trump en 2021. Il avait non seulement refusé sa défaite au point de faire attaquer le Capitole par ses partisans, mais dès l'investiture de Joe Biden, il était reparti en campagne. Une fois de plus, il avait agi en businessman plus qu'en homme politique. Selon la redoutable loi des affaires, il ne faut jamais concéder une victoire à l'adversaire.
Depuis, il applique la théorie développée par son conseiller Steve Bannon lors de son premier mandat : "Flood the zone". D'où ce véritable tsunami de déclarations et de décisions. Plus de 50 décrets ont été pris en trois semaines. Et si l'on peut considérer comme anecdotique le fait que Google Maps appelle depuis hier le Golfe du Mexique, "Golfe de l'Amérique", le reste a largement de quoi étourdir l'opposition.
Purge dans l'administration et réformes radicales
Purge dans l'administration, sous la férule d'Elon Musk. Fermeture d'agences fédérales, répression de l'immigration, grâce présidentielle pour les assaillants du 6 janvier 2021, gel de subventions et de prêts fédéraux, arrêt des programmes de diversité et d'aide à la coopération et au développement. Sans oublier les déclarations tonitruantes sur l'Ukraine et la bande de Gaza, quitte à les nuancer ou les démentir 24 heures plus tard.
Une opposition démocrate affaiblie
Comment s'opposer à un tel tourbillon ? À Washington, les démocrates sont démunis. Ils ont perdu la Maison-Blanche, les deux chambres du Congrès et la Cour suprême est majoritairement constituée de juges républicains. Les démocrates doivent se choisir un nouveau chef et préparer les élections de mi-mandat dans deux ans.
Les leviers d'action des démocrates
En attendant, ils peuvent agir d'en bas. Mais là et là, il y a une marge de manœuvre. Ils contrôlent toujours une vingtaine d'États, dont New York et la Californie. Lorsque le président Trump a signé un décret mettant fin au droit du sol, les procureurs généraux de 22 États ont lancé une action en justice. Plus tard, ils ont saisi les tribunaux pour bloquer le gel des subventions publiques.
Le gouverneur démocrate de l'Illinois tente par des décrets locaux d'annuler les expulsions d'immigrés et il a rédigé une directive empêchant tout émeutier du Capitole de servir dans son administration. Enfin, la majorité de Trump à la Chambre ne tient qu'à trois sièges. Une mauvaise grippe, et elle peut basculer.
Les démocrates se réorganisent, il leur faudra du temps. Mais après le tsunami, il y a toujours un reflux.