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Face à la polémique, le gouvernement va désormais interdire toute les manifestations d'ultradroite, après un défilé autorisé de plusieurs centaines de militants samedi qui a suscité de vives critiques à gauche et que la Première ministre Elisabeth Borne a jugée elle-même "choquant".
Alors que les "casserolades" contre la réforme des retraites sont régulièrement interdites par les préfets, la gauche s'indigne depuis deux jours que quelque 600 militants d'ultra-droite du Comité du 9-mai, dont la majorité avait le visage dissimulé, aient pu manifester samedi dans Paris.
Ces manifestants qui voulaient marquer le 29e anniversaire de la mort d'un militant d'extrême droite, Sébastien Deyzieu, décédé accidentellement en 1994, ont exhibé des drapeaux noirs marqués de la croix celtique et scandé, en fin de rassemblement, "Europe jeunesse révolution", le slogan du GUD (Groupe d'union Défense).
Sous la pression lors des questions au gouvernement, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a jugé "inacceptable" cette manifestation qui avait été autorisée par le préfet de police de Paris au nom du droit à manifester.
Et il finalement indiqué avoir demandé aux préfets d'interdire à l'avenir toutes les manifestations de l'ultradroite. Tout en précisant que ce serait aux tribunaux de déterminer si la jurisprudence permettait de tenir ces manifestations.
Un peu plus tôt, lors d'une conférence de presse à Matignon, Elisabeth Borne s'était dite "choquée" par les images de cette manifestation, mais elle a rappelé qu'il n'y avait "pas de motif pour (l')interdire", reprenant les arguments de la préfecture de police de Paris.
"Il y a un droit à manifester qui est garanti et on ne peut revenir sur ce droit que quand il y a des bonnes raisons", par exemple "des risques de troubles à l'ordre public", a fait valoir la cheffe du gouvernement.
"Il se trouve qu'il n'y avait pas de risque identifié", a-t-elle poursuivi, expliquant que cette manifestation avait déjà eu lieu les années passées sans troubles à l'ordre public.
- "Contraste" -
Mais la gauche a violemment dénoncé cette manifestation, reprochant au gouvernement un "deux poids deux mesures", alors que depuis l'adoption de la loi controversée sur les retraites, les interdictions de manifester se multiplient en France pour éviter des "casserolades" contre Emmanuel Macron et ses ministres.
"Il y un contraste saisissant" a déploré auprès de l'AFP le premier secrétaire du PS Olivier Faure: "D'un côté on n'a pas le droit de défiler avec des casseroles, et de l'autre on peut défiler avec des croix celtiques".
Dans la matinée, la présidente du groupe LFI Mathilde Panot a regretté le "silence total" du gouvernement sur cette manifestation de "néonazis", accusant l'exécutif de "laisser prospérer l’extrême droite".
Sa collègue Insoumise, la députée Aurélie Trouvé, a plus largement souligné la "relative impunité" de ces groupes, évoquant le cas de plusieurs personnes "gravement attaquées" Gare du Nord "il y a 10 jours" par des "néo nazis", dont son attaché parlementaire, qui a eu plusieurs jours d’ITT.
"Ce n'est pas parce que l'ennemi est silencieux et qu'il marche au pas sans déborder qu'il n'est pas dangereux", a fait valoir la députée écologiste Francesca Pasquini dans l'hémicycle.
Elle a par ailleurs souligné que d'ex-trésoriers du micro-parti de Marine Le Pen avaient participé au défilé.
Mais la patronne des députés du Rassemblement national s'est défendue mardi d'être "proche" de ces personnes, et a rappelé qu'il est interdit de défiler masqué: "Ces provocations ne peuvent pas être tolérées", a-t-elle déclaré.
Selon Mediapart, la manifestation d’ultradroite de samedi s’est terminée par un concert à Saint-Cyr-L’Ecole (Yvelines), dans une salle baptisée Simone Veil, l’ancienne ministre de la Justice, rescapée de la Shoah.
Les organisateurs avaient prétexté vouloir fêter un "anniversaire", selon la mairie, qui a indiqué à l’AFP qu’elle adresserait un signalement à la procureure de la République de Versailles.