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Les négociations entre partis de la majorité et de l'opposition sur le projet ultracontroversé de réforme de la justice en Israël se poursuivent mercredi, après une première rencontre "dans un esprit positif" la veille, a indiqué le bureau du Président israélien Isaac Herzog.
"Après environ une heure et demie, la rencontre, qui s'est déroulée dans un esprit positif, a pris fin", a annoncé mardi soir le bureau du président dans un communiqué. "Demain, le président Isaac Herzog poursuivra la série de rencontres", a-t-il ajouté.
Cette première "rencontre de dialogue" a eu lieu à la résidence de M. Herzog à Jérusalem entre "les équipes de travail représentant la coalition au pouvoir", ainsi que les formations d'opposition Yesh Atid et Parti de l'unité nationale, selon le communiqué.
Yaïr Lapid et Benny Gantz, chefs respectifs de ces deux partis centristes, avaient annoncé lundi être prêts à dialoguer avec la majorité, sous l'égide de M. Herzog.
Peu avant, le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait annoncé avoir "décidé d'une pause" dans l'examen du projet controversé de réforme de la justice qui divise le pays, afin de donner "une chance à un vrai dialogue" en vue de l'adoption d'un texte plus consensuel lors de la session parlementaire d'été qui commence le 30 avril.
"Nous remercions le Président d'avoir ouvert sa maison au processus de négociation au profit des citoyens d'Israël. Nous l'avons rejoint au nom d'un large public qui a compris à quel point notre démocratie est fragile et vulnérable", a déclaré le parti Yesh Atid sur Twitter.
Le président américain Joe Biden, dont le gouvernement avait salué la "pause" annoncée par M. Netanyahu, a de nouveau plaidé mardi soir pour un abandon du projet. "Ils ne peuvent pas continuer sur cette voie et je pense que je me suis fait comprendre", a dit le président américain en marge d'une visite en Caroline du Nord.
"J'espère qu'ils y renonceront", a-t-il encore affirmé plus tard à propos du texte de loi, une fois de retour à Washington. Il a ajouté qu'il ne prévoyait pas d'inviter "à court terme" M. Netanyahu à la Maison Blanche.
"Israël est un pays souverain dont les décisions découlent de la volonté de son peuple et ne sont pas fondées sur des pressions venues de l'étranger, même quand celles-ci viennent du meilleur de ses amis", a réagi M. Netanyahu dans un communiqué.
La "pause" annoncée par M. Netanyahu après un début de grève générale et l'apparition de tensions au sein de la majorité a été accueillie avec scepticisme par les contestataires ainsi que par plusieurs commentateurs politiques.
- "Défaite cuisante" -
Pour Nahum Barnea, éditorialiste du quotidien Yediot Aharonot, le Premier ministre "a su transformer avec de jolis mots une défaite cuisante en un match nul". "Quoi qu'il dise ou dira, peu de gens le croient", écrit-il.
Porté par un des gouvernements les plus à droite qu'ait connu Israël, le projet de réforme de la justice a donné naissance à un des plus grands mouvements de mobilisation populaire du pays.
S'ils ont accepté la médiation de M. Herzog, MM. Lapid et Gantz ont aussi mis en garde le gouvernement contre toute duperie.
Faisant allusion au projet de loi sur la composition de la commission chargée de sélectionner les juges, un des volets parmi les plus contestés de la réforme, leurs deux partis ont prévenu dans un communiqué commun qu'ils quitteraient "immédiatement" la table des négociations si ce texte "est mis au programme du Parlement".
Pour le gouvernement, la réforme vise à rééquilibrer les pouvoirs en diminuant les prérogatives de la Cour suprême, que l'exécutif juge politisée, au profit du Parlement. Ses détracteurs estiment au contraire que la réforme risque d'entraîner une dérive autoritaire.
- "Cessez-le-feu" -
L'annonce de la suspension de l'examen du projet au Parlement a été précédée de longues négociations entre M. Netanyahu et ses partenaires d'extrême droite, notamment le ministre de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, qui, selon la presse, avait menacé de quitter le gouvernement en cas de pause dans la réforme.
Le parti de M. Ben Gvir a annoncé la signature d'un accord entre les deux hommes, accordant au ministre la création d'une "garde nationale" civile sous son autorité, et sur laquelle aucun détail n'a encore été communiqué.
"C'est une victoire pour les protestataires mais celui qui a vraiment fait plier Netanyahu et l'a piétiné c'est Itamar Ben Gvir (...), il a obtenu de lui une promesse scandaleuse: la création d'une milice qui sera sous ses ordres", dénonce Yossi Verter, correspondant politique de Haaretz, en première page du quotidien de gauche.
Pour Yohanan Plesner, président de l'Institut israélien pour la démocratie, un centre de réflexion, "il s'agit d'un cessez-le-feu peut-être pour regrouper, réorganiser et ensuite, potentiellement, charger en avant".
Plusieurs membres de la coalition au pouvoir assurent que la réforme sera votée à terme.
Un des collectifs à l'origine des manifestations contre la réforme a annoncé la poursuite de la contestation "tant que le coup d'Etat judiciaire n'est pas totalement stoppé". Des manifestations ont eu lieu mardi soir à Tel-Aviv et devant la résidence de M. Herzog à Jérusalem.