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Le marché de l'emploi aux Etats-Unis est resté solide en février tout en semblant afficher les premiers signes d'un ralentissement très attendu dans la lutte contre l'inflation.
Le taux de chômage demeure bas même s'il a grimpé à 3,6%, après être tombé en janvier à 3,4%, son plus bas niveau depuis 1969, a annoncé vendredi le département du Travail.
Quelque 311.000 emplois ont été créés, contre 504.000 en janvier, quand 205.000 seulement étaient attendus, selon le consensus de Briefing.com.
A l'occasion d'un point presse à la Maison blanche, le président américain Joe Biden s'est déclaré "heureux" des données publiées, estimant qu'elles démontraient que "notre économie va dans la bonne direction".
"Au total, nous avons créé plus d'emplois en deux ans que n'importe quelle administration précédente en quatre. Ce n'est pas un accident, c'est la démonstration que notre programme économique fonctionne", s'est félicité M. Biden, soulignant par ailleurs que "le taux d'activité n'a jamais été aussi élevé depuis 2008".
Les secteurs des loisirs et de l'hôtellerie, le commerce de détail, le gouvernement et les soins de santé, ont été pourvoyeurs d'embauches, a précisé le département du Travail, mais l'emploi a diminué dans l'information, le transport et l'entreposage.
"Les données montrent que le marché du travail reste solide", a commenté Rubeela Farooqi, cheffe économiste de HFE. "Mais une hausse du taux de chômage et une croissance plus faible des salaires suggèrent un ajustement", a-t-elle ajouté.
Ces données vont peser dans la balance de la banque centrale américaine (Fed), qui se réunit les 21 et 22 mars, et s'inquiète de l'inflation toujours très forte. En jeu: une hausse du taux directeur qui fera grimper les taux d'intérêts des prêts bancaires et réduira encore le pouvoir d'achat des ménages.
- Retour de travailleurs -
Les employeurs américains font face depuis environ deux ans à une pénurie de main d'oeuvre qui a contribué à la hausse des prix.
Cependant, le taux de participation a continué à augmenter en février, contribuant à faire monter le taux de chômage mais signalant le retour de travailleurs sur le marché de l'emploi.
"Les taux de participation au marché du travail des hommes et des femmes adultes ont dépassé leurs sommets d'avant la pandémie", a précisé la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, interrogée vendredi par une commission de la Chambre des représentants.
"Lorsqu'un nombre plus important de personnes entre sur le marché du travail, cela assouplit les conditions" et contribue à "remédier au déséquilibre de l'offre et de la demande sur (ce) marché", a ajouté la ministre de l'Economie de Joe Biden.
Voir les prix cesser de flamber suppose de faire ralentir la consommation et donc l'activité économique ce qui s'accompagne généralement d'une hausse du chômage. Mais jusqu'ici, les hausses successives du taux directeur pour renchérir le coût du crédit décidées par la Fed n'ont eu que peu d'effet.
- Licenciements -
"Si la totalité des données" sur l'emploi, l'inflation, la consommation, notamment, "devait indiquer qu'un resserrement plus rapide était justifié, nous serions prêts à accélérer le rythme des hausses de taux", a déclaré le président de la Fed, Jerome Powell, devant une commission du Sénat.
Il avait cependant jugé "possible de ramener l'inflation à 2%, avec des effets moins significatifs sur le marché du travail" que lors des périodes antérieures de ralentissement économique.
Les chiffres de l'emploi dans le secteur privé, l'enquête mensuelle ADP/Stanford Lab publiée mercredi, ont montré le maintien d'un niveau d'embauches robuste le mois dernier. "Le léger ralentissement de la hausse des salaires, à lui seul, ne devrait pas pouvoir faire baisser rapidement l'inflation à court terme", avait commenté Nela Richardson, cheffe économiste d'ADP.
Les employeurs américains ont toutefois supprimé 77.770 emplois en février, leur plus grand nombre pour ce mois depuis 2009, alors en pleine crise des subprimes, selon une étude du cabinet de consultants Challenger, Gray & Christmas.
Le secteur de la tech, notamment, a multiplié les annonces de licenciements. Mais cela ne représente qu'une petite proportion de la masse salariale américaine. La vente au détail et la finance sont également concernés.