Partager:
Les dirigeants d'Asie du Sud-Est se sont déclarés mercredi "profondément inquiets" des violences en Birmanie et ont condamné une récente attaque contre un convoi livrant de l'aide humanitaire dans ce pays.
Après les chefs de la diplomatie du groupe mardi, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean) sont réunis en sommet jusqu'à jeudi sur l'île de Flores, dans l'Est de l'Indonésie.
"Nous sommes profondément inquiets des violences actuelles en Birmanie et appelons à la fin immédiate de toute forme de violence et d'usage de la force pour créer un environnement propice à la livraison (...) d'aide humanitaire et à un dialogue inclusif national", ont-ils déclaré dans un communiqué peu après avoir entamé leurs débats.
Le président indonésien a appelé ses homologues à l'"unité" pour résoudre les défis qui se présentent au groupe de 10 pays. "Avec l'unité, l'Asean sera capable de jouer un rôle central pour la paix et la croissance", a déclaré Joko widodo.
A Labuan Bajo, petite ville de pêcheurs qui accueille le sommet, l'armée indonésienne a déployé plus de 9.000 soldats, des avions de combat F-16 et des navires de guerre.
L'Asean, critiquée pour son inaction, a tenté de résoudre la crise birmane par la voie diplomatique.
Mais les efforts du groupe ont été vains jusqu'à présent, alors que la junte birmane ignore les condamnations internationales et refuse de parler avec les opposants au régime militaire.
Mi-avril, des attaques aériennes meurtrières dans la région de Sagaing, dans le centre de la Birmanie, ont fait au moins 170 morts.
La pression sur l'alliance régionale s'est encore accentuée après qu'un convoi transportant des diplomates et des responsables apportant de l'aide humanitaire fournie par l'Asean a été pris dimanche dans des échanges de tirs dans l'Est de la Birmanie.
Le convoi, comprenant deux représentants de l'ambassade d'Indonésie et deux de celle de Singapour à Rangoun, a été visé sans faire de victimes.
"Nous condamnons l'attaque et soulignons que les perpétrateurs devront répondre de leurs actes", ont souligné les dirigeants dans leur communiqué.
La Birmanie reste membre de l'Asean mais s'est vue interdire la participation aux réunions de haut niveau à cause de son échec à appliquer le plan proposé par l'organisation.
Des sources diplomatiques ont indiqué à l'AFP que lors de leurs négociations, certains ministres des Affaires étrangères du bloc ont suggéré d'inviter à nouveau les membres de la junte, invoquant "une lassitude sur la Birmanie".
La présidence indonésienne de l'Asean avait suscité des espoirs de progrès dans la crise birmane grâce au poids de la principale puissance économique de la région et son expérience diplomatique.
- Attentes modestes -
La ministre indonésienne des Affaires étrangères Retno Marsudi a indiqué vendredi que Jakarta avait recours à une "diplomatie discrète" pour parler avec toutes les parties du conflit en Birmanie.
L'Indonésie veut notamment relancer un accord de paix en cinq points conclu avec la junte il y a deux ans mais resté lettre morte.
Mais l'Indonésie dispose de peu de temps pour obtenir un résultat, a souligné Lina Alexandra, analyste du Centre pour les études stratétiques et internationales (CSIS) à Jakarta.
Après le prochain sommet des dirigeants prévu en septembre, l'Indonésie va transmettre la présidence de l'Asean au Laos, dirigé par un régime communiste, qui pourrait "réintégrer" la junte au sein du groupe.
"Il est temps pour l'Indonésie de montrer qu'elle peut faire ce qu'elle doit faire", a-t-elle indiqué à l'AFP.
L'Asean, fondée en 1967, voit cependant son action limitée par sa charte qui promeut les principes de consensus et de non interférence.
L'organisation est divisée sur la question de la Birmanie et les prétentions croissantes de la Chine en mer de Chine méridionale ont affaibli sa position.
Les diplomates du groupe devraient encore se mettre d'accord sur les termes d'une mise en application du plan de paix dans le communiqué final.
Et les attentes des analystes pour ce sommet restent modestes.
"L'Indonésie a indiqué qu'elle prévoyait de publier un projet d'application du consensus en cinq points", a indiqué à l'AFP Aaron Connelly, analyste pour l'Institut international des études stratégiques IISS à Singapour. "Je ne pense pas qu'il va y avoir beaucoup de surprises".