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Rejugé en appel pour la mort de Narumi Kurosaki, Nicolas Zepeda change d'avocat

Le procès en appel du Chilien Nicolas Zepeda pour la mort en 2016 de son ex-petite amie japonaise Narumi Kurosaki s'est ouvert mardi à Vesoul sur un coup de théâtre : l'accusé a changé d'avocat, reportant l'audience à jeudi.

Condamné l'an dernier en première instance à 28 ans de prison, il devait à l'origine être défendu devant la Cour d'assises d'appel de la Haute-Saône par un ténor du barreau parisien, Antoine Vey, ex-associé d'Eric Dupond-Moretti, l'actuel ministre de la Justice.

Mais selon une lettre du conseil adressée au président de la cour d'assises, François Arnaud, lue par ce dernier à l'audience, Me Vey a été récusé le 18 février par le Chilien de 32 ans.

Les raisons de cette rupture n'ont pas été explicitées.

L'audience a été suspendue afin que l'accusé, polaire noire et chemise à carreaux vert sombre, s'entretienne avec deux avocates désignées, Emmanuelle Huot et Catherine Bresson.

A la reprise, le président a annoncé un report du procès à jeudi, l'accusé ayant fait savoir qu'il avait finalement choisi un autre avocat : Renaud Portejoie, un avocat clermontois qui a notamment défendu Cécile Bourgeon, condamnée à 20 ans de réclusion criminelle pour avoir donné la mort à sa fille Fiona en 2013.

- "Superman" -

Interrogé par l'AFP, Me Portejoie a indiqué ne vouloir faire "aucune communication" avant d'avoir vu son client.

Mes Bresson et Huot ont expliqué à l'AFP que le report de l'audience à jeudi devait permettre à Me Portejoie de préparer la défense de l'accusé.

Elles ont également indiqué avoir appris mardi durant leur entretien avec l'accusé qu'il avait sollicité un autre conseil. "Nous avons appelé Me Portejoie" qui a confirmé accepter le mandat du Chilien, ont-elles expliqué.

Présent à l'audience, le père de l'accusé, Humberto Zepeda, qui avait réclamé un peu plus tôt un "report" du procès, a ironisé sur ce délai d'une journée et demi.

"Qui pense qu'en un jour un avocat, presque superman, peut connaitre chacun des détails d'une affaire aussi triste?", s'est-il interrogé devant des journalistes. "C'est impossible, ça nous dérange, mais on l'accepte", a-t-il ajouté.

"C'est une nouvelle injure qui est faite aux parties civiles et à la famille de Narumi" qui apprend "à l'ouverture du deuxième procès que Nicolas Zepeda change d'avocat", a tempêté Me Sylvie Galley, l'avocate de la mère et des soeurs de Narumi.

Pas moins de 31 médias, dont des chiliens et des japonais, sont accrédités pour ce procès hors norme qui devait en principe durer deux semaines.

Jugé pour l'assassinat en décembre 2016 de Narumi Kurosaki, alors âgée de 21 ans, Nicolas Zepeda encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Il a fait appel de sa première condamnation et est donc présumé innocent.

Alors que les débats ne devraient véritablement débuter que jeudi, Nicolas Zepeda ne s'est pas encore exprimé sur le fond : se dira-t-il toujours innocent? Ou livrera-t-il une autre version des faits?

Mardi, à l'invite du président, il a poliment décliné son identité en français.

En première instance, il avait été défendu par Jacqueline Laffont qui avait, selon ses propres termes, terminé ce procès "très éprouvée".

- "Terreur" -

Arrivée à Besançon à l'été 2016 pour y apprendre le français, Narumi Kurosaki avait rompu avec lui après l'avoir rencontré lorsqu'ils étudiaient au Japon.

Sans la prévenir, l'amoureux éconduit était venu la retrouver à Besançon et avait passé avec elle la nuit du 4 au 5 décembre 2016. Cette nuit-là, dans la résidence universitaire, des témoins disent avoir entendu des "hurlements de terreur" et un bruit sourd "comme si on frappait". Depuis, plus personne n'a revu Narumi.

Son corps n'a jamais été retrouvé.

Dans ses réquisitions de première instance, l'avocat général Etienne Manteaux, de nouveau en charge de l'accusation à Vesoul, avait pointé un faisceau de preuves "rarissime".

Pour le magistrat, le Chilien n'a pas supporté la rupture imposée par Narumi : il l'a étouffée ou étranglée avant d'immerger son corps dans le Doubs, près de Dole (Jura). Un crime prémédité, selon M. Manteaux.

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