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Donald Trump a annoncé mardi avoir été informé qu'il est visé personnellement par l'enquête fédérale sur l'assaut contre le Capitole à Washington le 6 janvier 2021, une nouvelle épine judiciaire dans le pied du candidat pour 2024.
"Jack Smith, le procureur cinglé du ministère de la Justice de Joe Biden, a envoyé une lettre (...) indiquant que je suis la CIBLE de l'enquête du grand jury sur le 6 janvier", a écrit l'ex-président américain sur son réseau Truth Social.
Contacté par l'AFP, un porte-parole du procureur spécial Jack Smith a refusé de commenter.
Le tempétueux homme politique et milliardaire, grand favori des primaires républicaines pour 2024, est déjà doublement inculpé par la justice: dans l'affaire des documents confidentiels de la Maison Blanche et pour des paiements suspects à une ancienne actrice de films X.
Il affirme mardi qu'on lui a donné "quatre tout petits jours" pour rendre des comptes au grand jury, un groupe de citoyens tirés au sort et dotés de larges pouvoirs d'enquête.
S'il assure que cette procédure mène "presque toujours" à une inculpation, le Washington Post a indiqué que ce n'était pas systématique.
Sur Truth Social, l'ex-président de 77 ans dénonce une "chasse aux sorcières", une nouvelle "interférence électorale" et une "utilisation politique" de la justice.
- "Failli à son devoir" -
Le 6 janvier 2021, Donald Trump avait tenu un discours enflammé devant ses partisans réunis non loin de la Maison Blanche, les appelant à se "battre comme des diables" contre les résultats de l'élection présidentielle que les élus devaient certifier ce jour-là.
Des milliers de ses soutiens avaient ensuite semé le chaos et la violence dans le Capitole de Washington, temple de la démocratie américaine.
Plus de 1.000 personnes ont depuis été arrêtées et quelque 350 d'entre elles ont été inculpées d'agression contre des agents de police ou refus d'obtempérer lors de leur arrestation. Certains membres de milices d'extrême droite ont même été condamnés pour sédition.
Donald Trump assure qu'il est visé en raison de sa candidature à l'élection présidentielle à venir.
Une commission d'enquête parlementaire à majorité démocrate, dissoute au début de l'année par la nouvelle majorité républicaine, avait accusé l'ancien président d'avoir chauffé ses partisans à blanc avant le coup de force et "failli à son devoir de commandant en chef" pendant l'assaut.
Dans son rapport final, le panel avait estimé que Donald Trump ne devrait plus jamais être autorisé à occuper de nouvelles fonctions publiques.
Ses membres avaient aussi recommandé que des poursuites pénales soient lancées contre lui par la justice fédérale, notamment pour "appel à l'insurrection".
Donald Trump n'a pas précisé mardi les éventuels chefs d'accusation le visant dans cette enquête conduite par M. Smith.
- Autres enquêtes -
L'ex-président est déjà inculpé dans l'enquête fédérale sur sa gestion de documents confidentiels après son départ de la Maison Blanche, également menée par Jack Smith.
Il lui est reproché d'avoir mis en danger la sécurité nationale en conservant des documents de façon non sécurisée après avoir quitté Washington et d'avoir refusé de les restituer, malgré des injonctions judiciaires. Il a plaidé mi-juin non-coupable.
Le procureur Jack Smith a demandé que le procès dans cette affaire débute en décembre, mais les avocats de Donald Trump ont plaidé pour qu'il ait lieu après l'élection présidentielle, qui se tient en novembre 2024.
Lors d'une audience de procédure mardi en Floride, la juge en charge du dossier, Aileen Cannon - qui fut nommée par Donald Trump - a, selon le Washington Post, paru adopter une position intermédiaire: circonspecte à l'idée de pouvoir organiser le procès dès décembre, elle n'a pas non plus semblé encline à le reporter après la présidentielle.
Elle a indiqué qu'elle prendrait sa décision rapidement.
Rivale dans la course à l'investiture républicaine, Nikki Haley a dénoncé une "nouvelle distraction". "On ne peut pas rester plantés là, focalisés sur les poursuites judiciaires, encore et toujours", a ajouté l'ancienne ambassadrice auprès de l'ONU.
Le chef républicain de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, a accusé Joe Biden, également candidat à la présidentielle 2024, d'instrumentaliser la justice américaine pour "s'attaquer à son opposant numéro 1".
Elu démocrate à la Chambre, Adam Schiff a fustigé les propos "pathétiques" de M. McCarthy. "C'est honteux de protéger un ancien président corrompu."
Les ennuis risquent de ne pas s'arrêter là pour Donald Trump: une procureure de Géorgie doit également annoncer d'ici septembre le résultat de son enquête sur les pressions qu'il a exercées pour tenter d'altérer le résultat de la présidentielle de 2020 dans cet Etat du Sud.