Accueil Actu Régions Namur

Détournement de fonds à la province de Namur: la somme pourrait être bien plus importante que les 380.000€ annoncés

Un audit réalisé par la société Deloitte révèle que la province de Namur aurait été victime d'un détournement de fonds bien plus important qu'initialement estimé. 

La province de Namur se trouve au cœur d'une affaire de fraude financière d'envergure. Selon un audit commandé à la société Deloitte, le montant du détournement, qui flirtait initialement avec les 380.000 euros, s'élèverait en réalité à 1,9 million d'euros. François, l'agent provincial suspecté d'être l'auteur des faits, est actuellement sous mandat d'arrêt. Il est notamment accusé d'avoir orchestré des centaines de transactions frauduleuses à son profit sur une période de plusieurs années.

"L'audit conclut à 1,9 million d'euros détournés", affirme Georges Balon-Perin, conseiller provincial de l'opposition (Ecolo) à nos confrères de Sudinfo, après avoir consulté le rapport. Ce dernier détaille 428 transactions suspectes, un chiffre qui reste à confirmer par la justice, comme le souligne Jean-Marc Van Espen (MR), député-président de la Province. "Notre directrice financière pense que le détournement est moins important. Ces chiffres n'ont pas encore été recoupés par l'enquête en cours", précise-t-il ensuite.

Des failles dans le système de contrôle 


L'audit mettrait en lumière d'importantes failles dans les processus financiers de la Province. Georges Balon-Perin décrit un "rapport assassin" qui dénonce des faiblesses dans les contrôles internes, notamment dans la gestion des paiements. "Il semble qu'en interne, trop de personnes sont chargées du contrôle. Les uns auraient trop tendance à faire confiance aux autres", ajoute Jean-Marc Van Espen.

Le mode opératoire de François aurait consisté à manipuler les numéros de compte bancaire sur les mandats de paiement, détournant ainsi les fonds destinés aux fournisseurs de la Province. Plusieurs numéros de comptes "frauduleux" auraient été utilisés pour dissimuler ces irrégularités, et certaines transactions frauduleuses auraient échappé à la comptabilité pendant plus de 12 ans.

Des responsabilités politiques pointées 


Les accusations de mauvaise gestion de la part de l'opposition ne se font pas attendre, surtout à l'approche des élections provinciales. Georges Balon-Perin insiste sur le fait que "ces transactions se déroulent quasi exclusivement durant les deux dernières législatures, sous la responsabilité du MR". Il pointe notamment du doigt Jean-Marc Van Espen, en charge des finances, estimant que l'absence de rigueur dans la gestion financière de la Province a permis de telles dérives.

"Les difficultés d'organisation et le manque d'effectifs au sein du service financier étaient connus. À présent, c'est chacun de prendre ses responsabilités", déclare-t-il, suggérant même que dans le secteur privé, une telle affaire aurait entraîné un licenciement direct.

Une enquête en cours et des tensions politiques 

Jean-Marc Van Espen défend toutefois la gestion de la Province en affirmant que la transparence a toujours été une priorité. "Nous avons nous-mêmes demandé l'audit pour découvrir le modus operandi, mais aussi pour corriger nos procédures si nécessaire. Pénalement, je ne suis pas responsable et j'ai déjà dit que si ma responsabilité politique était démontrée, j'assumerais. Pour l'instant, ce n'est pas le cas", rétorque-t-il.

Les tensions entre les deux camps politiques sont exacerbées par le calendrier de cette révélation, à seulement quelques jours des élections provinciales. Georges Balon-Perin reproche à l'administration de ne pas avoir organisé de réunion extraordinaire pour discuter du rapport avant le scrutin. "C'est inacceptable. Les citoyens doivent disposer de toutes les informations pour exprimer leur vote en toute connaissance de cause", affirme-t-il.

De son côté, Jean-Marc Van Espen juge cette attaque électoraliste. "Nous attaquer sur les finances ! Nous sommes en boni et la dette est réduite de moitié sans prendre un centime dans la poche des citoyens", défend-il.

L'audit sera officiellement abordé lors du conseil provincial du 18 octobre, après les élections.

 

À lire aussi

Sélectionné pour vous

« Sales connes » : la polémique continue, une plainte déposée pour injure publique contre Brigitte Macron

Une association féministe et 342 autres plaignantes ont déposé plainte pour injure publique contre Brigitte Macron, après des propos tenus début décembre à l’encontre de militantes féministes ayant interrompu un spectacle d’Ary Abittan. Qualifiant ces militantes de « sales connes », l’épouse du président a suscité une vive indignation dans les milieux féministes, politiques et culturels.