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"J'ai une angoisse, celle d'attendre le suivant." Difficile pour Sophie de trouver la quiétude dans son habitation de Waterloo. Comme de nombreux habitants du Brabant wallon, le va-et-vient incessant des avions, elle n'en peut plus. Vous êtes nombreux à attirer régulièrement notre attention sur cette problématique via le bouton orange Alertez-nous. À Bruxelles également. "Les avions passent au-dessus de ma maison et c'est un bruit assourdissant. C'est toutes les minutes, et ça n'arrête pas. C'est un enfer. C'est assourdissant", raconte encore Sophie.
Au mois de mai, entre deux cents et trois cents atterrissages se sont produits chaque jour. Alors pour Sophie comme de nombreux habitants du Brabant wallon ou de Bruxelles, difficile de trouver le sommeil. "Je m'endors et je me réveille à chaque avion qui revient. Je m'assoupis pendant un moment et puis hop' ! Le bruit ne s'arrête pas. C'est un bruit de fond."
Le responsable de ce vacarme est tout trouvé : la piste 01 de l'aéroport de Zaventem. Les avions y atterrissent après un passage au-dessus de la maison de Sophie. En théorie, cette piste est secondaire et alternative. Elle ne peut être empruntée que lorsque le vent souffle de secteur nord. Elle est pourtant exploitée quotidiennement de manière illicite. Charles Sohet, président du collectif "Piste 01, ça suffit !": "Quand le vent est fort, il est totalement normal d'utiliser la piste 01. Quand le vent est d'Est, il n'est pas normal de l'utiliser parce que le vent est de côté. Il y a des décisions de justice qui ne sont pas appliquées. On est visiblement dans une république bananière !"
24 millions d'euros de la poche du contribuable
La Justice condamne régulièrement l'État belge à des astreintes. L'État fédéral a déjà payé près de 24 millions d'euros en astreintes et frais d'avocats. Le mois dernier, 35% des atterrissages ont été effectués sur la piste 01 dont un quart était injustifié. Dominique Pleeck est acousticien. Comme Sophie, il habite Waterloo. Pour objectiver la situation, il a placé trois sonomètres sur sa commune. "Via un câble, un micro est relié à un sonomètre, lequel est programmé pour faire l'acquisition de toute une série de paramètres." Selon Dominique Pleeck, son installation confirme que les nuisances sonores sont trop importantes.
Devant son écran, les graphiques et autres bandes sonores défilent. Le son d'un avion retentit. Dominique Pleeck observe: "Là, c'est le passage d'un avion à 0h28 qui dégage un niveau instantané maximum de plus de 75 décibels A. Il est important de signaler que l'OMS recommande de ne pas dépasser 42 décibels A à l'intérieur, fenêtres fermées."
Le 1er juin dernier, 191 sont passés par Waterloo, même la nuit. Le cœur du problème, ce sont les normes de vent modifié il y a 20 ans, mais plusieurs fois condamnées par la justice. Selon le médiateur fédéral engagé dans ce dossier, Philippe Touwaide, il faudrait revenir à la situation initiale. "Ce qu'il faut, c'est remettre la norme de vent stable, avec la définition correcte de la vitesse moyenne et la définition correcte de la vitesse maximale. À partir de ce moment-là, le trafic sera remis à l'atterrissage sur les pistes 25. Et les pistes 01 et 07 redeviendront ce qu'elles ont toujours été, une exception. "
Le ministre fédéral de la Mobilité, Georges Gilkinet, a déjà annoncé son intention de "faire une proposition (de loi) d'ici le 21 juillet" pour résoudre le problème des nuisances sonores générées par l'aéroport de Bruxelles-National.