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"Ils sont pourtant vides en permanence": Christian et sa famille ne peuvent plus monter dans ce bus qui les emmenait à Bastogne

L’arrivée de nouvelles lignes de bus entre la Belgique et le Luxembourg n’aura changé le quotidien de Christian que durant quelques mois...

Christian, un habitant de Bastogne, ne comprend pas pourquoi il n’a plus accès à un bus "gratuit" déployé par le réseau de transport en commun luxembourgeois (RGTR) depuis plus d’un an.

En janvier 2021, Philippe Henry, le ministre wallon de la Mobilité, avait annoncé la mise en place de 7 liaisons transfrontalières.

Quelques mois plus tard, en septembre 2021, les 48.000 frontaliers belges ont ainsi eu davantage de choix pour leurs déplacements, notamment chez nos voisins. Lors de l'annonce de l'arrivée de ces lignes, une particularité est mise en avant : ces lignes de bus sont "gratuites et entièrement financées par l’état luxembourgeois".

Pour Christian, cette offre de transport en commun était une véritable aubaine. "Sans qu’on soit tenu au courant, une ligne de bus a été ajoutée fin 2021. Elle part du Luxembourg à Marnach et vient jusqu’à Bastogne. Une ligne de bus extrêmement riche dans ses horaires (de 5h du matin jusqu’à minuit). Ce sont des bus qui passent toutes les heures et qui permettraient d’économiser des trajets en voiture. Quand on vit dans une commune rurale, se déplacer en transports en commun est assez difficile. Hormis les bus qui couvrent les horaires des écoles."

On a été agréablement surpris 

Christian dit avoir été étonné de la mise en place de la ligne 161, qui passe juste devant chez lui. "Marnach est une petite ville qui n’a pas un grand attrait touristique au départ. Et il n’y a pas d’implantation commerciale qui justifierait qu’il y ait énormément de Belges qui aillent au Grand-Duché, ou l’inverse", estime-t-il. "On a été un peu surpris qu’ils instaurent cette ligne-là, car il n’y avait pas vraiment de raison apparente. Puis, on a été agréablement surpris. Voilà des bus qui passent de façon très fréquente."

Professeur dans une école de musique au Luxembourg, Christian raconte que durant quelques semaines, sa famille a pu prendre le bus sur cette ligne sans conditions.

"Avec l’arrivée de cette ligne, on s’est dit que c’était une bonne occasion de prendre ce bus qui passe dans une série de villages et va jusqu’à Bastogne. Au début, les enfants ont pu monter à bord. Les chauffeurs n’ont absolument rien dit. On a été agréablement surpris de constater que les trajets étaient gratuits. En plus, chez nous, il y a une ligne TEC qui dessert nos villages pour aller à Bastogne, mais uniquement aux horaires scolaires. Il y a peut-être aussi un bus à midi."

Mais après trois mois d’utilisation du bus luxembourgeois, un "changement de règlement a été opéré", selon le Bastognard. 

"Les chauffeurs ont dit à nos enfants et aux autres utilisateurs, que ce n’était plus possible de les utiliser si on ne franchissait plus la frontière. On doit absolument prendre le bus au Luxembourg pour se rendre en Belgique ou l’inverse, prendre le bus en Belgique pour aller au Luxembourg. Dans notre situation, on est dans un village après la frontière en Belgique, et donc les enfants prenaient le bus de chez nous pour se rendre à Bastogne pour leurs activités." 

C’est absurde comme situation

Pour ce compositeur, il est par ailleurs incompréhensible de voir passer devant chez lui des bus "vides du matin au soir". "Quand il y a trois personnes dedans, c’est exceptionnel. A quoi sert cette ligne?", s’interroge-t-il. "Certaines lignes entre les deux pays servent par exemple à permettre à des Belges de se rendre sur leur lieu de travail. Des lignes privées qui couvrent les horaires des employés. Sauf avec cette ligne de bus. On n’a pas compris pourquoi après trois mois, on n’a plus autorisé les gens à monter dans le bus s’ils ne franchissaient pas la frontière."

"C’est absurde comme situation. Je ne critique pas le gouvernement luxembourgeois, dans le sens où je trouve que ce sont des gens à prendre en exemple. La gratuité des transports, c’est quelque chose de fantastique et instauré au Luxembourg. Ils sont avant-gardistes et ils vont dans le bon sens du progrès. Pour cette ligne-ci, j’ai vraiment du mal à comprendre. 2-3 mois plus tard, les règles pour monter à bord ont changé."

 

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Mais pourquoi Christian n’a-t-il plus pu prendre ce bus gratuitement du jour au lendemain ? Stéphane Thiery, directeur du marketing et porte-parole du TEC, répond que pour ces lignes RGRT, "le trafic local n’est pas autorisé. C’est mentionné dans l’avis que la Région wallonne donne sur la demande d’autorisation formulée par le RGTR. Cet aspect est en discussion avec l’Autorité organisatrice du Transport en Wallonie", précise-t-il.

Christian n’aurait par ailleurs pas dû bénéficier de trajets gratuits sur cette ligne 161. "Quant à la tarification, certains conducteurs ont sans doute fait preuve d’un peu trop de tolérance incluant ces lignes dans celles gratuites du réseau interne au Grand-Duché mais pour ces lignes, c’est le tarif régio-zone (en savoir plus sur ces tarifs) qui est de mise en dehors du Grand-Duché du Luxembourg."

Pour proposer des alternatives à notre témoin, Stéphane Thiery ajoute que pour les lignes TEC, la cadence de la E69 est bien passée à un bus par heure et par sens entre Liège et Arlon. "Les lignes Express Bastogne – Luxembourg et Florenville – Luxembourg sont toujours bien prévues pour le 1er septembre 2023 (au tarif TEC Express)", conclut-il.

Quant à l'utilisation des lignes transfrontalières par des passagers belges, le porte-parole du ministre wallon de la Mobilité, Philippe Henry (Ecolo), nous explique que "l’administration belge a pris langue avec l’administration luxembourgeoise, et des discussions sont en cours", écrit Éric Biérin. "En ce qui concerne la gratuité des bus luxembourgeois à l’étranger, elle n’avait pas été définie au début mais le Grand-Duché a, progressivement, mis en place une tarification spécifique. En résumé, il faut payer dès qu’on n’est plus au Grand-Duché du Luxembourg."

Éric Biérin rappelle par ailleurs que le TEC dispose d’un monopole pour le transport public de personnes, fixé par décret, sur le territoire de la Région wallonne. "Néanmoins, les discussions en cours visent à offrir aux Belges la possibilité de prendre les bus luxembourgeois en Belgique", précise-t-il.

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Commentaires

6 commentaires

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  • Avec un ministre ecolo il faut s'attendre à tout

    Alain Schmit
     Répondre
  • C'est encore râler pour râler, le GDL offre la gratuité pour augmenter le trafic transfrontalier, pas pour permettre à des parasites de voyager gratos.

    Mick Mick
     Répondre
  • Le Tec n'a pas envie d'être concurencé en Wallonie forcément, surtout quand c'est gratuit.

    Ronny Degrijse
     Répondre
  • Vous vous rendez compte de l'énormité de votre raisonnement ? Ce bus est payé par le Luxembourg et destiné aux voyageurs se rendant au Luxembourg, et vous voudriez en profiter pour voyager en Belgique ? Il n'appartient pas à un pays étranger de financer les manquements d'un pays voisin.

    roger rabbit
     Répondre
  • On croyait être sauvé, mon village avec le Tec 3 par jour le week-end 0.. Enfin un bus toutes les heures qui n'est pas si vide que sa tout dépend des horaires et des gens qui vont travailler en bus enfin. Mais la jalousie du Tec qui a mis son grain de sable... Incroyable quand il y a quelque chose de bon pratique on doit nous l'enlever. Félicitations à ses chauffeurs de chez Sales qui sont courageux. Bravo

    Corinne Mergen
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