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Un grave danger guette-t-il les usagers du TEC? "On roule 14 à 15h d'affilée", dénoncent des chauffeurs

Pour certaines de ses lignes, le TEC fait appel à des sous-traitants pour conduire les bus. Des chauffeurs dénoncent leurs conditions de travail qu'ils estiment dangereuses pour eux, mais aussi pour les passagers. 

Alain et Christophe (prénoms d'emprunt), travaillent pour un sous-traitant du TEC. Eux et leurs collègues conduisent donc tous les jours des lignes de bus pour le compte de la société wallonne des transports en commun.

Excédés par leurs horaires, ils ont décidé d'appuyer sur le bouton orange Alertez-nous. "C'est surtout pour dénoncer les temps de conduite et la sécurité pour les passagers. Régulièrement, on roule 14 à 15 heures d'affilée. On n'est pas équipés de tachygraphe, donc évidemment, on ne sait pas être contrôlé", rapporte Alain. Le tachygraphe est un appareil électronique qui est intégré au véhicule et enregistre les données suivantes : les temps de conduite et de repos du chauffeur, la vitesse du véhicule, la distance parcourue...

Alain va même plus loin en affirmant qu'il y a "des témoignages de clients de la ligne 366 qui peuvent attester que des chauffeurs se sont endormis aux carrefours sur leur volant". "Ce n'est pas admissible", ajoute-t-il en clarifiant que "le TEC n'a rien à voir là-dedans, c'est le sous-traitant" qui est en tort. 

Une réglementation particulière

Selon la loi, un chauffeur ne peut rouler que 9h par jour. Ces chauffeurs ont l'impression d'en faire beaucoup plus à cause, notamment, de la pénurie de chauffeurs. "Jusqu'à présent, on n'a pas eu de souci avec des accidents, mais imaginons qu'on renverse un piéton ou un cycliste, et bien le chauffeur va être pénalement condamné", redoutent les deux chauffeurs. 

La loi prévoit également une pause minimum de 45 minutes après 4h30 de conduite. Il faut également respecter 11h de repos après une journée de travail. 

La société Pullman qui emploie les deux alerteurs ne souhaite communiquer que par écrit et affirme respecter la législation. "Notre logiciel d'exploitation calcule en permanence les durées de la prestation prévue. Il est évident que nous veillons à respecter les différentes contraintes en termes de conduite et de repos lors de l'élaboration du planning", fait savoir la société. 

Après vérification des plannings des employés, il semble que certaines journées soient effectivement longues. Un exemple est particulièrement saisissant : une journée qui débute à 7h22 et qui se termine à 19h18. Mais entre les trajets de cette longue journée, des temps de repos sont prévus, ce qui est donc légal. 

Il n'en reste pas moins que la fatigue se fait ressentir chez les chauffeurs. Pour Carine Nana Nanjouo, médecin du travail, la loi permet à l'employeur de jouer sur les horaires et donc avec la santé du personnel. Les conséquences peuvent être importantes pour les employés : "De l'irritabilité, du stress, des problèmes d'ordre cardiovasculaire, de l'hypertension... C'est tout ce qui est lié au stress qui peut être occasionné par de longues heures de travail."

Une menace pour les usagers ?

Face à cette situation, faut-il craindre pour la sécurité des passagers de ces bus ? Selon l'Institut VIAS de la sécurité routière, les bus restent des moyens de transport sécurisés. "On estime que vous avez dix fois plus de risque d'être gravement blessé dans une voiture en tant qu'automobiliste que dans un bus. On recense environ 600 accidents par année, mais par rapport aux autres moyens de transport, c'est clairement l'un des plus sûrs", rapporte Benoit Godart, le porte-parole. 

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