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La musique dans l'oeuvre d'Andy Warhol

Le maître du pop-art Andy Warhol a produit les Velvet Underground, peint le portrait de Liza Minnelli, illustré les albums des Rolling Stones, mais aussi fondé un groupe rock, révèle une nouvelle exposition sur l'importance de la musique dans son oeuvre.

Le Musée des Beaux-Arts de Montréal (MBAM) a diffusé pour la première fois en public ce week-end des bandes sonores de "The Druds", groupe embryonnaire dans lequel a chanté en 1963 le célèbre peintre américain, auteur de "Ma philosophie de A à B et vice-versa".

"Claes Oldenburg, Patty Oldenburg, Lucas Samaras, Jasper Johns et moi avions monté un groupe de rock'n'roll... on s'est vu dix fois... je chantais mal", résumait Warhol en 1977 dans un entretien à la revue High Times.

Mais aucun enregistrement du groupe n'était connu. Et les spécialistes du travail de Warhol se préoccupaient davantage de décrypter l'oeuvre monumentale de l'artiste multidisciplinaire que de déterrer cet enregistrement obscur.

"Il a un jour mentionné qu'il avait fait partie d'un groupe, puis personne n'avait suivi cette piste. Le Andy Warhol Museum (à Pittsburgh, Etats-Unis) ne savait pas que ça existait", explique à l'AFP, Stéphane Aquin, commissaire de l'exposition montréalaise.

Le musée québécois a mis la main sur ces enregistrements inconnus par l'entremise du spécialiste Brendon W. Joseph qui les a obtenus de la veuve de Billy Klüver, un collaborateur de longue date de Warhol.

A l'écoute de cet enregistrement, chacun comprendra que l'artiste américain a fait le choix qui s'imposait en abandonnant la chanson. Le son rasoir des guitares et les voix fausses répétant anarchiquement "coca-cola in a bottle" confèrent aux "Druds" le statut de groupe de garage au panthéon de la musique.

Dans son exposition "Warhol live", le Musée des Beaux-Arts de Montréal fait le pari original d'aborder l'oeuvre du maître aux cheveux platine par la musique et la danse, deux arts qu'il n'a pas véritablement pratiqués mais qui pénètrent néanmoins son travail.

Andy Warhol (1928-1987) a "découvert l'art sur fond musical dans les comédies musicales de Hollywood des années 30", rappelle M. Aquin. Et John Cage a par la suite exercé une véritable influence sur Warhol qui a reproduit sur ses toiles les motifs sériels exploités en musique par le compositeur expérimental.

L'exposition montréalaise s'ouvre sur un triptyque d'Elvis Presley, des photos de Judy Garland - la révélation du Magicien d'Oz (1939) - enchaîne sur les "Lutins musiciens" du jeune Warhol, des illustrations pour le Dance Magazine, les portraits colorés de George Gershwin, Mick Jagger et Debby Harry. Andy Warhol est passé à la postérité pour ses fameuses boîtes de soupes Campbell, mais cette iconographie commerciale demeure une part "assez restreinte" de tout ce qu'il a peint au début des années 60, estime M. Aquin.

"Ce sont des considérations artistiques beaucoup plus larges qui permettent d'unir entre elles les productions de Warhol, la musique donne une clé de lecture, il y en a d'autres évidemment", souligne-t-il.

Dans "Warhol Live", le MBAM a rassemblé plus de 600 oeuvres et objets de Warhol liés à la musique et la danse dont une cinquantaine de pochettes d'albums conçus par l'artiste allant des Rolling Stones, au jazzman Thelonious Monk à Puccini.

Le maître du pop-art écoutait d'ailleurs en boucle, et simultanément, du rock et du classique lorsqu'il peignait, souligne l'exposition qui doit prendre la route du Musée Andy Warhol de Pittsburgh après Montréal.

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