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Le club de Liverpool et ses supporters affichent mardi leur satisfaction au lendemain de la publication d'un rapport qui critique l'UEFA et les autorités françaises pour leur gestion de la dernière finale de la Ligue des champions à Paris, et dédouane par ricochet les fans des "Reds" de toute responsabilité.
"Des faux récits ont été colportés dans la foulée de cette nuit à Paris, des propos qui ont été depuis totalement réfutés", a réagi dans un communiqué le club de Premier League, défait le 28 mai par le Real Madrid (1-0) au Stade de France alors que la confusion régnait à l'extérieur de l'enceinte et que le coup d'envoi avait dû être retardé de 37 minutes.
Des mots qui ciblent notamment les déclarations du ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin dans les jours qui ont suivi les scènes de chaos. Celui-ci avait fait porter la responsabilité des incidents à des soi-disant hordes de hooligans et autres supporters accusés d'avoir présenté des billets falsifiés.
Attente interminable dans des tunnels d'accès étroits et bondés, supporters et familles aspergés de gaz lacrymogènes ou victimes de vols... Le dispositif de maintien de l'ordre lors de cette rencontre avait donné lieu à des scènes insupportables, provoquant une vive polémique en Angleterre et ternissant à l'étranger, l'image de la France, organisatrice de la Coupe du monde 2023 de rugby et des JO-2024.
- "Un maelström de chaos" -
"Les supporters ont été exonérés de toute responsabilité", se félicite également dans un communiqué l'un des plus importants groupes de supporters Spirit of Shankly, du nom de l'un des entraîneurs mythiques des Reds. "Un raté dans la communication, les échecs de l'UEFA, de la police française et des autorités, c'est tout cela qu'il faut blâmer".
Dans un premier temps, l'UEFA avait, elle, rendu responsable des incidents les spectateurs anglais, accusés d'être arrivés en retard au stade.
"Des supporteurs ont été gazés, volés, attaqués, des gens ont eu peur pour leur vie. Ce qui aurait dû être le point d'orgue de la saison pour ceux venus d'Angleterre et d'Espagne s'est avéré être un maelström de chaos", rappelle Spirit of Shankly.
"En tant que club possédant un passé européen glorieux, nous appelons l'UEFA à bien faire les choses et mettre en place les 21 préconisations du rapport permettant d'assurer la sécurité de tous les supporters assistant à l'avenir à un match qu'elle organise", appuie Liverpool.
"Nous appelons l'UEFA et ceux tout en haut de la pyramide de la régulation du football, à se rassembler et agir positivement et en toute transparence pour éviter tout nouveau +presque raté+", ajoute-t-il.
Le rapport a notamment établi l'existence d'un "danger évidement et immédiat de bousculade mortelle" et que l'action des supporteurs des Reds avait en fait permis de sauver des vies.
- Action en justice -
Dès la publication du rapport, l'UEFA s'était fendue lundi soir "d'excuses" et a promis d'introduire "les changements appropriés" prenant en compte les recommandations formulées par les experts.
Après les évènements, plus de 2.000 supporteurs anglais ont déclenché une action collective en justice contre l'UEFA.
"Nous voulons que nos clients, ainsi que tous les supporteurs qui ont été blanchis, obtiennent une compensation pour les traumatismes psychologique et physique subis ce jour-là", a réagi Tony Winterburn, l'avocat du cabinet Pogust Goodhead à l'origine de la procédure.
"Et également pour les préjudices subis après la finale, quand les autorités ont continué de les rendre coupables tout en sachant que ce n'était pas la vérité", a-t-il ajouté.
"Ce qui s'est passé à Paris a ravivé les souffrances des familles, des amis et des survivants d'Hillsborough", conclut Liverpool.
Le 15 avril 1989, un mouvement de foule avait provoqué le décès de 97 supporters de Liverpool dans le stade de Sheffield qui devait accueillir le match de championnat contre Nottingham.
Selon le rapport indépendant commandé par l'UEFA, la police française s'est fondée sur ces éléments pour coller aux supporters des Reds une image de hooligans.
Le mois dernier, la police britannique avait fini par reconnaître après plusieurs décennies de bataille judiciaire que ses "échecs étaient la cause principale de la tragédie" d'Hillsborough.
A Paris, de nombreux supporters des Reds avaient assuré avoir eu le sentiment de revivre ce traumatisme.