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La Suissesse Jasmine Flury a créé une immense surprise en devenant à 29 ans championne du monde de descente samedi à Méribel, alors que la grande favorite, l'Italienne Sofia Goggia, a enfourché une porte.
Flury a devancé de quatre centièmes de seconde l'Autrichienne Nina Ortlieb et de douze centièmes une autre Suissesse, la championne olympique en titre et championne du monde 2021 Corinne Suter.
La nouvelle championne du monde n'avait jamais obtenu de médaille internationale et n'était montée que sur deux podiums de Coupe du monde (une victoire en super-G en 2017, une deuxième place en descente en 2022) en neuf ans de carrière.
"Je ne sais toujours pas quoi dire, on dirait un rêve, s'est-elle émue en conférence de presse après la course. Je suis tellement heureuse de partager ce moment avec Corinne (Suter) sur le podium. Je ne m'attendais pas à gagner aujourd'hui."
Comme depuis le début de la semaine et des Championnats du monde, le soleil a continué d'inonder la station de Méribel, proposant des conditions parfaites aux descendeuses. Partie avec le dossard N°2, Jasmine Flury a construit sa victoire sur le haut du parcours, une section de glisse, fatale à toutes les favorites.
La skieuse des Grisons, grand talent dans sa jeunesse, avait vu son début de carrière freiné par des blessures, notamment à la hanche.
- La réaction suisse -
Elle apporte à la Suisse un premier titre lors de ces Mondiaux et crée une nouvelle sensation après les victoires du Canadien James Crawford et de l'Italienne Marta Bassino sur les super-G.
Les drapeaux suisses ont flotté haut dans les tribunes et aux abords de la piste, pour célébrer ce réveil de l’équipe suisse.
À quelque 70 kilomètres de la frontière helvète, certains supporters ont même fait retentir leurs "sonnettes à vache" (cloches d'alpage), saluant les deuxième et troisième médailles suisses après celle, en argent, de Wendy Holdener dans le combiné lundi, qui rattrapent la décevante quatrième place du N°1 mondial Marco Odermatt dans le super-G jeudi.
Reines du Roc de Fer lors des deux premières courses, les Italiennes ont cette fois failli, là où l'une de leur représentante était pourtant très attendue: Sofia Goggia.
La vice-championne olympique italienne a skié à l'envers, incapable de créer les écarts habituels sur un tracé sans grand piège. Loin de la tête à son arrivée, elle a ensuite été disqualifiée pour avoir enfourché une porte.
"SuperSofia" a pu être perturbée par le décès dans la semaine de son ex-coéquipière Elena Fanchini, emportée par un cancer à l'âge de 37 ans. Le stade de Méribel a d'ailleurs respecté une émouvante minute de silence en sa mémoire après la course, pendant que les skieuses italiennes se tenaient par les épaules dans l'aire d'arrivée.
- Cinquième médaille pour Suter -
Autre skieuse inattendue: Nina Ortlieb, médaillée d'argent. Son nom fait écho à celui de son père, Patrick Ortlieb, sacré champion olympique en 1992 à Val d'Isère lors des Jeux d'Albertville, également en descente. L'Autrichienne de 26 ans ne compte que trois podiums sur le circuit mondial.
Corinne Suter est la seule favorite à avoir tenu son rang. Après avoir eu du mal à revenir d'une commotion cérébrale subie en janvier, Suter a décroché samedi sa cinquième médaille mondiale, la troisième consécutive en descente (2e à Are en 2019, lauréate à Cortina en 2021).
"C'est l'une de mes plus belles médailles après ces derniers jours, s'est-elle réjoui. Je ne savais pas si je serais capable de skier rapidement. J'ai eu beaucoup de chance que mon corps aille bien. Je ne me souviens pas de toute la chute. Je ne savais si je pourrais gérer cette situation."
Les Françaises, elles, n'ont pas trouvé la clef de la piste du Roc de fer: Laura Gauché a pris la 12e place, Romane Miradoli la 15e et la jeune Anouck Errard (23 ans) la 21e.
"Ce n'est pas facile, on est en France, on voulait montrer notre plus beau visage. J'avais beau me dire +tu n'es pas tendue+, (...) je l'étais. Je voulais tellement finir ces Mondiaux sur une bonne note", a commenté Gauché en zone mixte après la course.