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A 21 ans, et douze ans après le dernier titre d'un patineur français, Adam Siao Him Fa a fait entrer sa carrière dans une nouvelle dimension en étant sacré champion d'Europe, vendredi à Espoo (Finlande).
"Je ne réalise pas encore le résultat", a-t-il réagi. "Je cache souvent mes émotions mais je suis très heureux. C'est quelque chose d'être champion d'Europe! Je me rends compte que le travail paie."
Avec un total de 267,77 points, il devance l'Italien Matteo Rizzo (259,92 pts) et le Suisse Lukas Britschgi (248,01 pts) et offre à la France un premier titre continental dans la catégorie masculine depuis 2011 et l'or de Florent Amodio.
Tous les éléments techniques de son programme libre ne sont pas passés parfaitement en première partie de chorégraphie, mais Siao Him Fa s'est libéré par la suite.
"J'ai essayé de rester concentré et de rester dans ma bulle. Il y a eu des erreurs mais je me suis battu jusqu'au bout. Je n'ai rien lâché car chaque élément compte", a-t-il déclaré.
Il disposait de toute façon d'une avance confortable de plus de dix points après le programme court mercredi.
- Changement de cap -
En l'absence du champion en titre, le Russe Mark Kondratuik suspendu en raison de la guerre en Ukraine, la première place semblait plus accessible que jamais pour le natif de Bordeaux, qui a répondu présent sur la glace finlandaise.
Il a pu exprimer ses qualités d'interprétation sur ses deux programmes, qui ont la particularité de se répondre et de raconter une seule histoire, un choix artistique novateur dans le patinage.
Un amour qui se déchire dans le court, entre haine et incompréhension. Mêmes notes et mêmes gestes pour débuter le long, avec une reprise de la chorégraphie à l'envers, pour remonter le temps et trouver la rédemption.
Quatorzième des Jeux olympiques de Pékin puis huitième aux Mondiaux de Montpellier l'an passé, Siao Him Fa a tout changé l'été dernier, quittant Laurent Depouilly et la patinoire de Courbevoie dans la banlieue ouest de Paris pour aller s'entraîner à Nice sous les ordres de Cédric Tour et Rodolphe Maréchal.
Un changement de cap et "une remise en question" récompensés par de bons résultats cette saison, la meilleure de sa carrière. Cette médaille d'or européenne vient s'ajouter à sa première victoire en Grand Prix, en novembre à Angers, et à son premier titre de Champion de France conquis en décembre.
"Je sais que je suis sur le bon chemin et je dois continuer à travailler comme ça", a-t-il estimé, à deux mois des championnats du monde prévus à Saitama.
Au Japon, la concurrence sera plus rude avec notamment l'armada japonaise menée par Shoma Uno et le jeune prodige américain Ilia Malinin.
En attendant, "je vais passer une très bonne nuit et dormir beaucoup", a déclaré le Français, avant de poursuivre: "Ensuite, je serai de retour à l'entraînement la semaine prochaine."
- "Pas de regrets" pour Aymoz -
L'autre tricolore engagé, Kevin Aymoz, termine au pied du podium, comme en 2019.
Sur la musique du fil Gladiator, le patineur de 25 ans, de retour de blessure, n'a pu enchaîner que deux combinaisons de sauts, ce qui lui a valu de perdre quelques points.
"Je me sentais bien dans le programme. J'étais moins stressé, je voulais vraiment tout donner", a-t-il réagi. "Je n'ai pas de regrets sur ma performance, je me bats pour un podium depuis des années et je pense que j'ai ce qu'il faut pour y arriver."
Plus tôt dans la journée, le duo italien composé de Charlène Guignard et Marco Fabbri avait pris la tête de la compétition en danse sur glace. En patinant un medley de rumba, salsa et samba, ils ont récolté 85,53 points pour leur danse rythmique. Ils font figure de favoris en l'absence des champions olympiques, les Français Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron, qui ont mis leur carrière sur pause cette saison.
Les Français Evgeniia Lopareva et Geoffrey Brissaud, sixièmes à 1,07 point du podium provisoire, sont en course pour une médaille.