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Objectif atteint: Julian Alaphilippe a levé les bras sur le Dauphiné dès la deuxième étape, lundi à La Chaise-Dieu où, après des mois de spleen, il a pris date en vue du Tour de France.
A moins d'un mois du départ de la Grande Boucle (1er-23 juillet), l'ancien double champion du monde a fait le plein de confiance après avoir surgi au dernier moment pour sauter sur la ligne le champion olympique Richard Carapaz et l'Érythréen Natnael Tesfatsion.
Quatrième de l'étape, le Français Christophe Laporte, qui s'était imposé la veille, conserve le maillot jaune, dans le même temps que Julian Alaphilippe mais le devançant à l'addition des places.
"Les derniers mois ont été longs mais j'ai su rester patient et travailler dur. Après il faut gagner. C'est chose faite et ça fait du bien", a commenté l'Auvergnat de 30 ans qui a remporté sa deuxième victoire de la saison, sa troisième au total sur le Dauphiné.
Ces derniers temps ont été difficiles pour le coureur de Soudal Quick-Step qui a multiplié les chutes et les maladies, sous le regard de plus en plus critique de son patron, Patrick Lefevere.
"Des doutes bien sûr que j'en ai eus. Mais j'ai su me remettre en question et je n'ai cessé d'y croire. Sinon je n'aurais pas gagné aujourd'hui. Ça montre que j'ai la tête dure", a ajouté "Alaf", qui misait sur ce Dauphiné pour enclencher un cercle vertueux en vue du Tour de France où il devrait être le leader de son équipe.
Interrogé pour savoir si sa victoire annonçait un mois de juillet radieux, il a toutefois temporisé, comme vacciné par les événements de ces deux dernières saisons: "J'espère. On ne peut rien prédire. Je me suis habitué à m'adapter ces derniers mois."
- "Complètement libéré" -
"Je ne m'enflamme pas, il faut rester tranquille et c'est aussi la signification de mon geste sur la ligne: calme, pas de stress. Je n'ai pas gagné le Tour mais une belle étape du Dauphiné", a insisté le Français qui avait dû faire l'impasse sur la Grande Boucle l'an dernier, insuffisamment remis de son crash à Liège-Bastogne-Liège.
Au Dauphiné, il peut désormais aborder la fin de semaine "complètement libéré", tout en restant "très motivé".
Et cette soif de victoire, elle s'est vue lundi dans un final trop difficile pour la plupart des sprinteurs, essorés dans la dernière côte menant jusqu'à l'arrivée au pied de l'abbaye de La Chaise-Dieu, chef d'oeuvre de l'architecture gothique du XIVe siècle.
"On était plus partis dans l'optique de faire un sprint avec (son équipier) Ethan Vernon, a-t-il raconté. Et si c'était trop dur pour lui, on avait Florian (Sénéchal), ou encore Andrea Bagioli, ou moi."
Mais "dans le final, Ethan a +pété+, Florian m'a dit qu'il était à bloc à deux bornes de l'arrivée et Andrea, je ne l'ai pas vu. Moi j'avais des bonnes jambes, je voyais tout le monde un peu à bloc et j'ai fait mon effort au bon moment", a-t-il ajouté.
Il a notamment dépassé Christophe Laporte, encore devant après avoir été amené comme dans un fauteuil par son leader, le Danois Jonas Vingegaard, bluffant de dévouement pour celui qui est d'habitude son domestique et le sera encore au Tour de France.
Mais la journée de l'équipe Jumbo-Visma a été ternie par l'abandon sur chute de Steven Kruijswijk peu après le départ de l'étape. Le Néerlandais, qui devait épauler son leader sur le Tour, n'en sera pas: il souffre d'une double fracture bassin-clavicule, a annoncé son équipe en fin d'après-midi.
C'est un coup dur pour Vingegaard qui, le matin encore, avait insisté sur la prudence à avoir sur ce Dauphiné en vue du grand rendez-vous de juillet, érigé au rang de "priorité absolue".