Accueil Actu Belgique Economie

Les magasins franchisés, modèle idéal? Un quart d'entre eux est "en mauvaise santé financière"

Les vagues de magasins franchisés chez Delhaize ou Mestdagh s'enchaînent en Belgique. La santé des magasins franchisés semble pourtant fragile, selon une analyse du magazine Gondola, écrit en collaboration avec GraydonCreditsafe. Elle avance qu'un quart des franchisés sont en mauvaise posture financière.

Après avoir examiné 2038 magasins, Gondola et GraydonCreditSafe dressent un sombre constat : les crises successives épuisent les réserves des entrepreneurs, et cela réduit leur capacité à absorber d'éventuels nouveaux chocs. "Une série d’indicateurs montrent la mauvaise santé financière d’un grand nombre d’exploitants indépendants", commente Eric Van den Broele, directeur recherche et développement chez GraydonCreditsafe.

Les difficultés s'illustrent notamment par le manque de liquidités pour payer les dettes à court terme. Si, pour les entreprises belges, la quantité d'argent disponible s'est plutôt accrue ces dernières années (un taux d'activité très faible durant la crise du covid, mais bien soutenu par le gouvernement), c'est l'inverse chez les food retailers et chez les franchisés. Ces magasins ont été frappés de plein fouet par la hausse des prix de l'énergie et des matières premières en 2022. Beaucoup de petits franchisés n'ont pas su répercuter les hausses sur les consommateurs.

Ce n’est pas bon signe. Si vous êtes un peu en dessous, vous pourrez peut-être emprunter, mais pas tout ce dont vous avez besoin

Depuis 2020, les food retailers et les franchisés ont aussi enregistré une chute spectaculaire de la rentabilité de leurs actifs pour les mêmes raisons : "Cela montre, une fois de plus, qu’ils ne parviennent pas à répercuter les hausses de prix : inflation, coûts de l’énergie et coûts du personnel". Pour les franchisés, la rentabilité est de l'ordre des 4%, c'est peu. Cela signifie qu'il y a une augmentation du taux d'endettement. D'ailleurs, selon l'analyse, 25% des franchisés ont un taux d'endettement supérieur à 90% et ce chiffre est en augmentation. La moitié a un taux d'endettement supérieur à 75%. "Ce n’est pas bon signe. Si vous êtes un peu en dessous, vous pourrez peut-être emprunter, mais pas tout ce dont vous avez besoin. Les banques se montrent extrêmement prudentes", précise Eric Van den Broele. Normalement, le taux d'endettement ne doit pas dépasser les 75% pour pouvoir emprunter auprès des banques.

Encore des défis à venir

La situation pourrait même s'empirer. Les entreprises devront faire face aux nouveaux prix de leurs contrats d'énergie, qui étaient encore favorables en 2022, mais qui le seront sûrement moins à l'avenir. Un autre facteur compliquera l'activité des magasins franchisés : la hausse des taux d'intérêt. Emprunter de l'argent coûtera plus cher encore, les entreprises les plus endettées vont donc en subir les conséquences.

C’est étonnant, car une analyse antérieure a montré que Carrefour Belgique est une chaîne efficiente

L'analyse de Gondola permet aussi de dire que les magasins franchisés d'Intermarché et de Carrefour éprouvent de gros problèmes. "On constate notamment que le rapport entre la réserve de liquidités et le besoin d’injection de capital n’est pas trop mauvais chez Delhaize", pointe Eric Van den Broele : selon les données obtenues, 33 % des franchisés AD Delhaize et 37 % des franchisés Proxy Delhaize ont besoin d’une injection de capital. Chez Intermarché, le pourcentage est plus important : 39,68 % et 40 % des entreprises ont besoin d’une injection de capital. Les Carrefour Market sont 57.2% à en avoir besoin : "C’est étonnant, car une analyse antérieure a montré que Carrefour Belgique est une chaîne efficiente", commente le directeur.

L'étude pointe donc du doigt le fait que la situation est mauvaise pour au moins un quart des gérants indépendants. Des faillites, sont-elles à prévoir ? Eric Van den Broele ne l'exclut pas.

À lire aussi

Sélectionné pour vous