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C'est "une bouteille à la mer" qu'a lancée mardi après-midi une victime de l'attentat terroriste à Maelbeek, devant la cour d'assises de Bruxelles: "j'aimerais bien rencontrer la personne qui m'a sortie du métro", a tenté une rescapée du métro, désireuse d'apaiser les douleurs des premiers intervenants.
Artisane joaillière, Sabine Borgignons se soigne par l'art. Mais aussi en témoignant au procès des 10 hommes accusés des attentats-suicides de Zaventem et Maelbeek, qui ont tué 32 personnes et blessé des centaines d'autres le 22 mars 2016. Parmi ces vies écorchées, la rescapée du deuxième wagon (celui-là même où s'est fait exploser le kamikaze Khalid El Bakraoui) pense aux personnes venues en aide aux victimes peu après l'attaque.
"J'aimerais bien rencontrer la personne qui m'a sortie du métro. Lui dire que je suis toujours vivante, que je vais bien", encourage la quadragénaire. "Je voudrais juste dire ça aux premiers intervenants. Je sais qu'ils ne vont pas bien et savoir qu'ils ont sauvé quelqu'un peut leur mettre un peu de baume au coeur", a-t-elle ajouté avec douceur.
À côté de sa mère, également venue témoigner, la bijoutière demande de projeter une photo du métro éventré. La carcasse de fer est barrée d'une croix rouge près de la porte explosée. "J'étais assise près de la fenêtre et le kamikaze était juste derrière", explique l'artiste, qui n'a aucun souvenir de l'attentat. Elle raconte avoir un "trou de cinq ou six mois".
Outre les séquelles physiques (brûlures, éclats de métal toujours logés dans son corps), elle a dû abandonner la bijouterie, un art auquel elle s'est formée dès ses 15 ans. "Je ne sais plus fabriquer de bijou, mes mains restent bloquées. Et j'ai peur du chalumeau, un des outils principaux" dans l'orfèvrerie. Mais "peut-être qu'il est temps de faire autre chose", sourit-elle tranquillement.