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La défense des accusés Mohamed Abrini et Salah Abdeslam ont remis en cause, lundi devant la cour d'assises de Bruxelles, la fiabilité des écoutes téléphoniques effectuées au sein de la prison de Bruges en 2016. Elles ont notamment dénoncé des "morceaux choisis" et des traductions incorrectes d'extraits qui n'ont été transmis que trois ans plus tard aux juges d'instruction chargés de l'enquête sur les attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles.
"Les services de renseignement nous disent que les passages 'pertinents' ont été repris et ajoutés au dossier. Mais c'est problématique pour nous (la défense, NDLR), dans la mesure où l'on nous donne accès à des petits morceaux par-ci par là, à des synthèses... Tout cela est très subjectif. Et on doit s'en contenter", a lancé l'avocate de Mohamed Abrini, Me Laura Pinilla.
"Quand on procède à des écoutes, on ne peut pas choisir ce qu'on garde et ce que l'on ne garde pas", a ajouté la pénaliste, pour qui cette méthode enfreint les droits de la défense. "On devrait avoir accès aux écoutes et à leurs retranscriptions pour éventuellement les contredire. Or, cette possibilité ne nous a pas été offerte ici."
Des échanges entre son client et Mohamed Bakkali ont été enregistrés à la prison de Bruges. "Ils étaient éloignés de sept cellules et, cerise sur le gâteau, ils s'appellent tous les deux Mohamed. Le risque d'erreur est très important", a souligné Me Delphine Paci.
"Donc prenez ces écoutes pour ce qu'elles sont, sachant que toutes les garanties prévues par le législateur n'ont pas été respectées", a-t-elle conclu à l'adresse du jury.