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Le silence de l'accusé Osama Krayem devant la cour d'assises de Bruxelles, qui juge 10 hommes pour les attentats du 22 mars 2016, restait un mystère malgré sept mois de procès. Mardi, sa défense a levé un coin du voile sur cette attitude impénétrable.
Cheveux longs, barbe fournie, vêtement de sport et calme olympien. C'est tout ce que l'accusé suédois laisse paraître à Bruxelles depuis le début du procès pour terrorisme qui occupe la Belgique depuis le mois de décembre.
Si d'autres accusés ont expliqué, bondi, courroucé et parfois ému l'assistance, la voix du jeune homme reste inconnue de toutes celles et ceux qui ont fréquenté régulièrement le Justitia ces derniers mois.
"Osama Krayem ne participe pas à son procès, ai-je entendu dire les procureurs fédéraux. Sans doute les éléments sont-ils trop accablants. Ne reconnaît-il pas que la loi des hommes s'applique à lui également?", a singé Me Jane Peissel. "Mais quelle mauvaise foi!", s'est insurgée la pénaliste française.
"On ne peut pas lui reprocher de ne pas avoir collaboré" durant l'enquête. "Certains éléments 'trop accablants' qui le concernent sont justement issus de ses propres déclarations", a pointé Me Peissel.
Ou alors l'accusé "ne respecterait pas la loi des hommes en faisant usage d'une disposition prévue par le droit belge, qui est le droit au silence?
", s'est-elle étonnée.
"Au contraire, je trouve son comportement cohérent, même si l'on en pense ce qu'on veut. Participer à l'enquête, c'est participer à la manifestation de la vérité. Prendre la parole ensuite, ce serait essayer de se défendre, et il n'en a pas envie. C'est sa façon à lui de vous respecter", a-t-elle adressé au jury.
Osama Krayem "ne se tait pas en espérant être innocenté. Il se tait car il se sait tellement coupable qu'il en a perdu les mots", a conclu l'avocate.