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À la veille de la fête nationale du 21 juillet, le roi Philippe a prononcé son traditionnel discours au peuple belge. Alors que l’actualité est marquée par différents conflits dans le monde et un droit international menacé, le souverain belge a appelé l’Europe à rester fidèles à ses valeurs fondamentales : la démocratie, la justice et le droit.
Dans son discours, le Roi évoque avec émotion une rencontre récente avec deux pères, l’un israélien et l’autre palestinien, tous deux endeuillés par le conflit qui oppose leur état. « J’ai été bouleversé par leur témoignage, écrit-il. Ils ont renoncé à tout esprit de vengeance et choisi de porter un message de paix. »
Il aborde aussi la guerre entre l’Ukraine et la Russie, soulignant le courage « remarquable » du peuple ukrainien. « Il est essentiel de continuer à soutenir avec détermination les Ukrainiens », insiste le souverain.
Il a terminé ses propos en rappelant l’urgence pour Bruxelles de former un nouveau gouvernement, pour « enfin se mettre au travail. »
Voici le discours du Roi dans son intégralité :
« Mesdames et messieurs,
Pendant des décennies, le droit international a été la clef de voûte sur laquelle pouvaient se reposer les États. Aujourd’hui, il est ouvertement remis en question.
Or, quand le droit international est bafoué, le monde entier est perdant. On laisse libre cours à l’instabilité et à la violence.
Le monde connaît une recrudescence de conflits que l’on croyait appartenir à une époque révolue. Dans ce contexte, l’Europe continue de faire le choix de la coopération et non de la confrontation. Le choix de l’ouverture et non de l’exclusion.
C’est un choix remarquable, parfois difficile et qui demande du courage.
Mais c’est aussi un choix qui a permis à l’Europe de prospérer et de trouver sa voie.
Avec l’Europe, nous sommes mieux préparés pour faire face aux évolutions en cours dans le monde numérique, renforcer nos armées ou encore lutter contre le changement climatique. Ce ne sont là que trois exemples de l’inestimable plus-value de l’Union européenne.
Mais l’Europe doit encore affirmer davantage son leadership. Elle doit s’imposer comme un rempart et une alternative fiable au rapport de force brutal dont nous sommes les témoins aujourd’hui. En restant fidèle à ses valeurs : la démocratie, la justice et le droit.
Respecter le droit des gens et les droits fondamentaux, c’est assurer la dignité de chacun et c’est permettre d’instaurer la confiance dont nous avons tant besoin.
Heureusement, alors que bien des droits sont violés chaque jour, il reste des personnes qui honorent notre humanité.
Il y a quelques semaines, j’ai rencontré deux pères de famille, l’un palestinien, l’autre israélien. Tous deux partagent une souffrance indescriptible, celle d’avoir perdu un enfant victime du même conflit.
J’ai été bouleversé par leur témoignage. Ils ont renoncé à tout esprit de vengeance et choisi de porter un message de paix, une paix qui allégerait leurs souffrances. Ces pères nous rappellent que, au-delà de la dimension politique, c’est toujours la dignité humaine qui est en jeu.
Je m’associe pleinement à leur plaidoyer et je joins ma voix à tous ceux qui dénoncent les graves dérives humanitaires à Gaza où des innocents meurent de faim et tombent sous les bombes, étouffés dans leurs enclaves.
La situation actuelle n’a que trop duré. Elle est une honte pour l’humanité tout entière. Nous soutenons l’appel du secrétaire général des Nations unies à mettre fin immédiatement à cette crise insoutenable.
En Ukraine, où la population résiste avec un courage remarquable. La guerre poursuit ses ravages. Il est essentiel de continuer à soutenir avec détermination les Ukrainiens qui luttent pour leur souveraineté et, ce faisant, défendent aussi la nôtre.
Mesdames et messieurs,
Face à la violence et l’agitation qui gronde dans le monde, nos préoccupations internes peuvent sembler dérisoires.
Mais rien n’est moins vrai. Elles méritent toute notre attention et celle de nos élus. Elles doivent être prises à bras-le-corps parce qu’elles ont un impact direct sur les citoyens.
À Bruxelles en particulier, il est urgent qu’un nouveau gouvernement se mette enfin au travail.
En ces temps troublés, la reine et moi trouvons précieux de pouvoir célébrer avec vous notre fête nationale.
Non pas pour oublier ce qui se passe ailleurs, mais pour nous rappeler qui nous sommes et ce que nous pouvons réaliser ensemble. En tant que Belges et en tant qu’Européens.
Puisons de cette journée de connexion et de célébration l’énergie nécessaire pour affronter demain avec confiance et enthousiasme. »


















