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Ce sera le match dans le match lors des élections du 9 juin. A priori, pourtant, tout les réunit. Ils sont tous deux pères de quatre enfants. Intellectuels de haut vol. Auteurs de nombreux livres. Présidents du premier parti politique de leur communauté respective. Bourgmestres d’une grande ville, l’un Charleroi, l’autre Anvers. Mais, le reste les sépare. Paul Magnette est Wallon et de gauche. Bart De Wever, (très) Flamand et de droite. Et depuis cette semaine, ils veulent tous deux devenir Premier ministre.
Pour le Carolo, l’envie est ancienne. Il se dit "disponible" pour le poste depuis quelques mois, si les socialistes restent la première famille politique du pays. Le nouveau-venu dans la course, c’est Bart De Wever. Dans le magazine flamand Humo, il déclare ceci : "Magnette n’a pas l’étoffe d’un Premier ministre. A cause de son impulsivité et de la manière dont il se laisse guider par le PTB. On ne peut pas lui faire confiance. Donc ce sera moi, en tant que leader du groupe – espérons-le - le plus important à la chambre qui dirigerai le gouvernement. Lors de la coalition suédoise de 2014 à 2018, mon parti avait soutenu Charles Michel, ce n’est pas mon meilleur souvenir. Je veux pouvoir déterminer moi-même l’agenda du gouvernement ".
De Wever en tête en Flandre
Faut-il encore que la N-VA fasse un bon score aux élections. Le doute est permis car la formation tourne pour le moment autour de 20% dans les sondages. Le PS n’est d’ailleurs pas très en forme non plus à 21,3 % en Wallonie dans notre Grand Baromètre et à un rasemottesque 15, 4% à Bruxelles. Qu’à cela ne tienne. Côté flamand, malgré cette N-VA raplapla, quand on leur demande qui ils veulent voir diriger le pays, les électeurs continuent à mettre De Wever en tête. Paul Magnette n’est que le troisième choix des Wallons et des Bruxellois. Mais c’est derrière Sophie Wilmès qui n’est pas officiellement candidate au 16 et Alexander De Croo qui malgré beaucoup de soutien au sud reste flamand.
Alors, de Paul ou Bart, qui va l’emporter ? A Anvers où je me suis rendu cette semaine, les personnes interrogées m’ont le plus souvent dit apprécier le travail du président de la N-VA comme bourgmestre de la ville. De là à dire que c’est un tremplin vers la Rue de la Loi… Bart De Wever a tant promis et si peu tenu ces derniers temps qu’on peut quand même douter de la crédibilité de sa soudaine vocation premierministrable.
Annelies Verlinden, l'outsider ?
Quant à Paul Magnette, il a récemment confié à un magazine français que le poste de chef de gouvernement reviendrait sans doute une nouvelle fois à un Flamand, histoire de ménager le nord du pays qui ne désire pas un Premier ministre de gauche. Alors, je tente le coup et avance un autre nom : le prochain locataire du 16 rue de la Loi pourrait bien être une femme, une chrétienne-démocrate, l’actuelle ministre de l’intérieur Annelies Verlinden. Son parti, le CD&V, effectue une belle remontée dans notre Grand Baromètre à 13,1%.
Elle est populaire, Anversoise et somme toute peu critiquée. Son parti est celui qui a livré le plus de Premiers ministres à notre pays depuis sa création en 1830. Et depuis 10 ans, ce sont toujours des outsiders qui finissent à l’avant-plan sur la photo de famille gouvernementale : Charles Michel, Sophie Wilmès puis Alexander De Croo. Bon, cela reste un pari. Si vous avez d’autres idées, n’hésitez pas à me les transmettre à cdeborsu@rtl.be. On verra dans quelques mois (ou quelques années si le prochain gouvernement n’en finit pas de se former) qui a eu le nez le plus fin.